« L'avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l'avenir, on le fait. », écrivait Georges Bernanos. Ces mots nous rappellent que les décisions pour bâtir un avenir serein et durable doivent se prendre aujourd’hui. Les crises et leurs conséquences en chaîne minent l’idée d’un futur paisible et résilient. Toutefois, de nombreux acteurs travaillent pour trouver des solutions qui permettraient aux sociétés de s’adapter aux bouleversements, notamment climatiques et sociaux. Par une série de mesures réglementaires votées au niveau national mais aussi européen, les Etats encadrent le changement de paradigme, que les entreprises commencent à adopter. La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) mais aussi de l’Etat et des citoyens s’impose.
Par Hugo Champion
L’adaptation par la réglementation
« Les possibilités d’un développement résilient au changement climatique ne sont pas les mêmes partout dans le monde », notait le Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution des Nations Unies (GIEC) dans son sixième rapport, publié en février dernier. On peut effectivement constater que chaque Etat met en place une série de réglementations visant à constituer un futur résilient et respectueux de l’environnement. Alors que la COP27 se déroulait à Charm el-Ckeikh au début du mois de novembre, la France décuple ses efforts pour atteindre une neutralité carbone en 2050, premier objectif des Accords de Paris. Une ordonnance, datant de fin juillet dernier a été prise en application de la loi Climat et Résilience du 22 août 2021. Elle prévoit notamment de nouveaux outils pour faire respecter les règles pour des constructions neuves adaptées au changement climatique. Début octobre, le Fonds Vert a vu son enveloppe budgétaire atteindre les 2 milliards d’euros, afin de financer des projets résilients et durables dans les collectivités territoriales. De nombreux projets au plus près de la réalité de terrain devraient voir le jour. « Ça peut-être de planter des arbres, de désimperméabiliser une cours d’école, de mettre des ampoules LED dans vos lampadaires, rénover ses bâtiments, rénover sa flotte, dépolluer une friche… »¹, souligne Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Les pays de l’Union européenne accélèrent le pas pour atteindre leurs objectifs. C’est néanmoins un mouvement à l’échelle mondial qui doit être opéré. Selon une nouvelle publication du Groupe de la Banque mondiale, un investissement de 1,4 % du produit intérieur brut par an en moyenne permettrait de réduire de 70 % les émissions des pays en développement d'ici à 2050 et de renforcer leur résilience. « Pour y parvenir, il faut des actions climatiques bien hiérarchisées et ordonnées, une solide participation du secteur privé, un soutien international substantiel et une transition juste. »² indique David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale.
Les entreprises à impact : une prise de conscience du secteur privé
« L'unique responsabilité sociale de l'entreprise est d'accroître ses profits », expliquait Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1976. L’heure semble aujourd’hui à la reconnaissance d’une indispensable prise en compte de l’impact des entreprises sur l’environnement et sur la société. Selon un rapport publié récemment par Samsara, une société spécialisée dans l'Internet des objets (IoT), 89% des entreprises françaises indiquent qu'avoir des opérations plus durables est une priorité haute, voire critique. 51% des entreprises soutiennent qu’une politique responsable de l’environnement de l’entreprise offre un meilleur accès aux opportunités commerciales, et 50% observent que les investisseurs y voient une opportunité. D’après le baromètre RSE 2021, 65% des ETI déclarent intégrer pleinement ce concept dans leur stratégie.
Le groupe La Poste, à travers son plan stratégique « La Poste 2030 engagée pour vous », témoigne de sa volonté. Pour continuer d’innover en RSE, l’entreprise à mission a lancé son premier sustainable bond, et levé 1,2 milliard d’euros. Le groupe affiche ses objectifs : contribuer au développement et à la cohésion des territoires ; favoriser l’inclusion sociale ; promouvoir un numérique éthique, inclusif et frugal ; et œuvrer à l’accélération de la transition écologique pour tous.
En octobre dernier, le gouvernement français a lancé son plan de sobriété énergétique visant à réduire de 10% la consommation d’énergie en France d’ici deux ans. Pour faire face à cet enjeu, la Poste va accompagner les TPE avec son dispositif Baisse les Watts via sa filiale Economie d’Energie. L’ambition est d’accompagner parmi les 700 000 TPE-PME les plus énergivores, le plus grand nombre d’entreprises d’ici à 2025 sur le chemin de la sobriété.
Des actions vertueuses
Le 15 mars 2022, le Conseil de l’Union européenne est parvenu sous Présidence française à un accord sur le règlement établissant le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), l’un des éléments clés du paquet Ajustement à l’objectif 55. L’objectif principal de cette mesure environnementale est de prévenir les fuites de carbone et d’inciter les pays partenaires à mettre en place des politiques de tarification du carbone pour lutter contre le changement climatique.
Fin octobre, des travaux ont été lancés par les ministères de la transition écologique et de la cohésion des territoires, et de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire en lien avec les acteurs de l’eau et les collectivités territoriales pour réduire la consommation d’eau et optimiser les prélèvements, mieux réutiliser les eaux usées et accélérer la réduction des fuites sur les réseaux. Début novembre, le Président de la République française a réuni les cinquante sites les plus émetteurs de gaz à effet de serre de France afin de lancer la planification de la décarbonation de l’industrie, à la fois par site, par type de technologie de décarbonation et par filière industrielle.
Au niveau local, les Régions de France ont publié début novembre la deuxième édition de l’enquête sur les actions des Régions en faveur de la transition écologique. Les fiches-actions montrent que les solutions face aux défis de la transition écologique doivent s’inscrire dans des projets de territoires avec les collectivités locales, les citoyens, les associations et les acteurs économiques. La région Occitanie œuvre à la disparition de l’usage du plastique à l’horizon 2030. Dans les Hauts-de-France, l’objectif est de planter en 3 ans un million d’arbres. Dans le Pays de la Loire, la création d'un escape game sur les pollinisateurs est prévue.
Au niveau européen, dans le cadre du Pacte vert, un accord a été conclu début novembre pour accroître les absorptions de carbone. Il prévoit de renforcer la contribution du secteur de l'utilisation des terres, du changement d'affectation des terres et de la foresterie (UTCATF).
Au niveau international, afin de soutenir les conséquences immédiates du réchauffement climatique, la France, l’Allemagne, le Danemark, le Canada, l’Irlande et les USA ont annoncé lors de la COP27 un « bouclier de protection mondial », qui apportera une aide financière aux pays les plus vulnérables au changement climatique.
La nécessité de bâtir un futur vertueux et résilient met en exergue la quête de sens de la société. « Il n'y a pas de passagers sur le vaisseau Terre. Nous sommes tous des membres de l'équipage. », rappelle le philosophe Marshall McLuhan. C’est par un travail collectif et transversal que l’objectif sera atteint. Il en va du futur de l’équipage comme du vaisseau…
¹ https://www.lagazettedescommunes.com/829160/christophe-bechu-la-planification-ecologique-ne-se-fera-pas-sans-les-territoires/
² https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2022/11/03/countries-could-cut-emissions-by-70-by-2050-and-boost-resilience-with-annual-investments-of-1-4-of-gdp
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