Filiale du groupe EDF, Dalkia accompagne ses clients à travers deux métiers : la valorisation des énergies renouvelables et de récupération, et l’efficacité énergétique. L’entreprise dirigée depuis 2017 par Sylvie Jéhanno (X89, Ingénieur des Mines), réalise plus de six milliards de chiffre d’affaires et emploie plus de 20 000 collaborateurs en France et à l’international.
Femme engagée en faveur de l’environnement, de l’innovation, de la diversité et de l’inclusion, Sylvie Jéhanno témoigne des enjeux que nous devons collectivement adresser et des solutions concrètes qui ouvrent déjà la voie.
Rencontre avec Sylvie Jéhanno, une femme optimiste et inspirante qui incarne celles et ceux qui portent le changement aujourd’hui pour construire le monde de demain. Elle nous invite à replacer l’intelligence collective au cœur de nos organisations et à nous engager sur la trajectoire de la décarbonation.
Propos recueillis par Mélanie Bénard-crozat
© DR/Philippe Quaisse
Consommer bas carbone
Les enjeux de transition écologique et du développement durable sont désormais inscrits à l’agenda politique et dans les stratégies des entreprises. Nous assistons à une véritable prise de conscience collective. La crise ukrainienne a joué un rôle clé et nous a questionné autour d’enjeux majeurs : comment consommer mieux mais aussi consommer moins ? Cette consommation bas carbone passe par les énergies renouvelables, l’économie circulaire, mais aussi la sobriété énergétique. Des actions qui sont au cœur des deux grandes missions de Dalkia. La chaleur représente près de 50% de la consommation d’énergie en France. La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) prévoit d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050 en France. Pour parvenir à atteindre ses objectifs, nous accompagnons nos clients dans des projets très concrets en développant notamment des réseaux de chaleur fournissant du chauffage et de l’eau chaude sanitaire à l’ensemble d’un quartier ou d’une ville. Ces unités de production peuvent être alimentées par des énergies renouvelables (biomasse, géothermie, thalassothermie…) et des énergies de récupération (valorisation des déchets ménagers, récupération de la chaleur des data center ou de l’industrie, etc.). Cela est voué à se développer. La loi de transition énergétique prévoit de multiplier par cinq les quantités d’énergies renouvelables et de récupération distribuées par les réseaux de chaleur d’ici à 2030. La production industrielle dégage beaucoup de chaleur. Cette chaleur peut être récupérée pour être valorisée sur un site ou pour alimenter un réseau de chaleur. Selon l'Ademe, l'industrie présente un potentiel de chaleur fatale de 109,5 TWh, soit 36 % de sa consommation de combustibles. Nous travaillons à tirer profit de cette chaleur et à la transformer en chauffage, en eau chaude sanitaire, en froid ou encore en électricité. Nous avons par exemple accompagné les équipes de la verrerie O-I Glass pour créer un système de valorisation de la chaleur fatale de l’usine. Concrètement, un récupérateur de chaleur a été installé pour capter l’énergie fatale émise par les fours. Cette énergie est ensuite réutilisée pour alimenter le réseau de chaleur du quartier à hauteur de 65 % en énergies renouvelables et de récupération (EnR&R). En 2018, les réseaux de chaleur ont ainsi permis d’éviter l’émission de 6,13 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent du retrait de 2,9 millions de véhicules de la circulation. Désormais, les énergies vertes représentent plus de 50 % du mix énergétique des réseaux de chaleur.
Autre exemple, la ville d’Issoire, en région Auvergne-Rhône-Alpes, utilise les ressources de son territoire pour chauffer ses habitants en récupérant la chaleur des fours de l’usine Constellium, à hauteur de 54 % des besoins du réseau. La ville limite ainsi le recours aux énergies fossiles et réduit de 4900 tonnes ses émissions de gaz à effet de serre. Le réseau atteindra un taux de 90 % d’énergies renouvelables et de récupération.
A Londres, l'établissement de santé Imperial College Healthcare NHS Trust a réduit son empreinte carbone avec une baisse des émissions carbone de 15 %, a amélioré sa performance énergétique et réduit sa dépendance au réseau électrique grâce à l'installation de panneaux solaires. Pour répondre aux enjeux du plan Net Zéro mis en place par le gouvernement britannique, il a choisi d’installer une pompe à chaleur air sur le site de l'hôpital Charing Cross : celle-ci permet de fournir de la chaleur et de l'eau chaude sanitaire en réduisant les consommations de gaz naturel.
Préparer l’avenir
Le développement de la biomasse, de la géothermie, de la thalassothermie, du photovoltaïque ou encore des chaudières bois-énergie (le bois issus des déchets d’exploitation forestière) côtoie celui du biogaz, également nommé gaz vert, produit exclusivement de manière locale. Il s'inscrit dans une logique d'économie circulaire et intègre la croissance des écosystèmes énergétiques, l’auto-consommation et l’électrification de certains usages et procédés, qui seront nécessaires pour atteindre la neutralité carbone. Et l’innovation est partout. Nous avons ainsi lancé dernièrement plusieurs projets innovants s’appuyant sur le numérique et l’intelligence artificielle qui sont des atouts supplémentaires pour agir plus vite en matière de décarbonation en travaillant sur des modèles plus complexes de pilotage et de sobriété. C’est notamment le cas dans les bâtiments publics, par exemple dans les collèges et les lycées, grâce à nos DESC (Dalkia Energy Savings Centers), véritables tours de contrôle pour piloter la performance énergétique des installations, nous pouvons aller jusqu’à 40% d’économies d’énergie. De plus, sachant que l’industrie représente près de 20% des émissions de CO2 en France nous avons développé Dalkia Analytics en association avec la start-up Metron, qui permet à nos clients d’améliorer leurs performances énergétiques et de réduire leur empreinte carbone. Nous nous sommes également engagés dans “Decarb Fast Track”, un programme européen inédit accélérant la décarbonation de l’industrie en s’appuyant sur une solution numérique curative et prédictive avec 3 partenaires, Metron, Amazon Web Services et BNP Paribas. L’objectif est de chasser 100kT de CO2 chez 100 industriels pendant 24 mois.
Nous accompagnons aussi la décarbonation des acteurs du numérique et des data center grâce à des technologies vertueuses et innovantes pilotées par nos experts. A Marseille, en développant avec Dalkia le projet de River Cooling (refroidissement des data center en s’appuyant sur la fraîcheur de l’eau d’un canal souterrain), Interxion a drastiquement réduit ses consommations : plus de 18 000 MWh d’économie d’énergie annuelle (30 fois plus économe en énergie qu’une solution de refroidissement classique) et 795 tonnes de CO2 évitées par an, soit l’équivalent de 5560 arbres plantés chaque année. Dans une démarche d’économie circulaire, cette solution permettra d’alimenter le réseau de chauffage urbain d’Euroméditerranée qui compte 500 000 m2 de bureaux et habitations.
Développement durable, performance économique et engagement
Pour aller plus loin dans l’innovation et dans la performance énergétique, l’ADN de Dalkia, nous prenons des engagements concrets pour nos clients, de plus en plus ambitieux notamment dans le cadre de contrats de performance énergétique (CPE), qui permettent d’accélérer leur transition énergétique. Ils garantissent en effet les économies d’énergie réalisées pouvant dépasser 40 %. Ce contrat nous engage sur un résultat précis de consommation d'énergie, mesuré et vérifié dans la durée. Il fixe des objectifs de réduction des consommations et des émissions de CO2. Si ces réductions s'avèrent supérieures aux objectifs, les deux parties partagent les bénéfices. Si elles sont inférieures, Dalkia est entièrement redevable des pénalités à son client. Une entreprise qui s’engage concrètement c’est une entreprise qui accepte de porter le risque.
Je suis convaincue que les engagements en faveur du développement durable auront aussi des effets en matière de performance économique. Bien entendu, il y a les économies financières réalisées en réduisant ses consommations. Mais il y a également les financements et les investissements qui s’appuient de plus en plus sur une notation extra financière. Une entreprise engagée aura ainsi des atouts supplémentaires pour convaincre les investisseurs. Elle saura aussi séduire de nouveaux clients, fidéliser sa communauté existante, mais aussi attirer de nouveaux talents et fédérer ses collaborateurs. Il s’agit de dimensions vitales pour la pérennité et le développement durable de l’entreprise elle-même. Pour ce qui nous concerne, 4,2 millions de tonnes d’émissions de CO2 ont été évitées en 2022 grâce à nos interventions, soit l’équivalent de plus de 2 millions de voitures retirées de la circulation. Nous visons 6 millions de tonnes évitées par an à horizon 2026.
L’entreprise de demain sera engagée ou ne sera pas
L’entreprise se doit d’être engagée en faveur du développement durable, dans une logique d’accélération de notre transition écologique mais aussi pour installer un modèle social et sociétal plus vertueux.
Cela passe par un monde plus inclusif où la diversité et la mixité sont perçues comme une force. Dans l’industrie, la féminisation est encore faible, même si elle progresse. Moins de 10 % des jeunes diplômés techniciens sont des femmes. Là encore, nous nous engageons. Avec 14 % de féminisation au sein de Dalkia, nous avons pris l’engagement et mis en place des mesures concrètes pour atteindre 30 % de femmes dans l’encadrement à horizon 2026. Le prix Women’s Energy in Transition, créé en 2018, se veut un accélérateur et encourage ces rôles modèles. Il me paraît inconcevable et dommageable de nous priver de la moitié de la population alors que près de 300 000 emplois devraient être créés d’ici à 2030 du fait de la transition climatique. Chacun et chacune doit pouvoir trouver sa place dans ces métiers d’avenir, riches de sens. C’est là aussi toute la vocation de nos actions en faveur des personnes en situation de handicap, des personnes éloignées de l’emploi, des seniors ou encore au travers du programme 1 jeune, 1 solution.
Ces actions sont un des points communs fédérateurs de la communauté « Les entreprises s’engagent », dont je suis la co-présidente avec Thibaut Guilluy, Haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises. Jeunesse, inclusion, climat… sont les moteurs de nos actions pour construire ensemble une société inclusive et un monde durable. Reposant sur une co-production public/privé qui en fait une force majeure pour faire progresser les sujets à impact, ce groupement intérêt public, compte 101 clubs départementaux et déjà près de 70 000 entreprises engagées. Une entreprise qui s’engage, c’est une entreprise qui rayonne. Transition écologique, performance économique et diversité pourraient bien être le triptyque d’un développement durable de notre société.
Incarnation d’un leadership engagé, Sylvie Jéhanno est un modèle de femme dirigeante inspirante pour toute une génération en devenir.
Décorée Chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur, cette femme de sciences autant que de lettres, pose un regard optimiste sur l’avenir et nous invite à nous engager pour accélérer la transformation de notre modèle pour une société décarbonée et plus inclusive.
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