Finance solidaire : où placer son argent pour qu’il ait un impact positif ?

Dans un monde confronté à des défis sociaux et environnementaux croissants, de plus en plus d’épargnants souhaitent donner du sens à leur argent. La finance solidaire qui permet de financer des projets à forte utilité sociale ou environnementale, tout en assurant une certaine rentabilité séduit de plus en plus. Mais de quoi parle t-on exactement ? Et comment s’assurer que son argent contribue réellement à un impact positif ?

La finance solidaire : un investissement citoyen

La finance solidaire repose sur un principe simple : orienter l’épargne des particuliers vers des projets porteurs de valeurs. Elle soutient des initiatives dans des domaines aussi variés que l’insertion professionnelle, le logement social, l’agriculture durable, la transition énergétique, ou encore la solidarité internationale. Contrairement à la finance classique, son objectif n’est pas uniquement lucratif. Il s’agit d’un investissement citoyen, éthique, souvent de long terme. En France, le label Finansol, créé en 1997 par l’association FAIR, garantit la transparence et la vocation solidaire des produits financiers labellisés. En France, l’encours de la finance solidaire a dépassé les 30 milliards d’euros d’encours en 2023, selon Finansol. Un niveau inédit qui a bondi de 4 milliards en un an soit +15%. Mais malgré cet engouement apparent et l’arrivée de nouveaux souscripteurs, cette catégorie de placements reste confidentielle et ne concerne que 0,5% de l’épargne des Français. C’est moins d’une seule année de collecte du Livret A (36 milliards d’euros en 2023).

Épargne & placements solidaires pour les particuliers

De nombreuses entreprises proposent à leurs salariés des dispositifs d’épargne salariale (PEE, PERCO, PER) qui intègrent des fonds solidaires. Ces fonds investissent au moins 5 à 10 % de leurs actifs dans des entreprises ou associations solidaires (structures d’insertion, entreprises de l’économie sociale, coopératives agricoles, etc.). L’épargne salariale (18 milliards d’euros) et l’épargne bancaire (11 milliards d’euros) constituent les deux canaux de souscription les plus importants.

Certaines banques proposent des livrets d’épargne solidaire dont une partie des intérêts (ou du capital) est reversée à des associations partenaires, ou bien utilisée pour financer des projets solidaires. C’est le cas, par exemple, du livret Agir du Crédit Coopératif qui permet de reverser une partie des intérêts à une association partenaire choisie par l'épargnant, tout en bénéficiant d'un taux d'intérêt attractif. Le livret B de La Nef, seul établissement bancaire en France à financer exclusivement des projets à impacts écologiques, sociaux et culturels, de manière 100% transparente propose de faire don de tout ou partie de vos intérêts à l’une de nos associations partenaires (pouvant donner droit à des avantages fiscaux) ou de les minorer et contribuer ainsi à minorer le taux d’emprunt de nos emprunteurs. Plus de 2000 projets soutenus sont accessibles sur le site. Le Livret d’épargne pour les autres (LEA) du Crédit Mutuel offre un taux boosté à 2,90% brut jusqu’à 20 000 € et permet de verser tout ou partie de vos intérêts à des associations labellisées Finansol. En 2024, il fut le 1er livret d’épargne solidaire de France avec 4,7 millions d’euros versés aux associations.

Il est également possible d’investir directement dans des entreprises solidaires non cotées via des parts sociales, des titres associatifs ou des obligations solidaires. Des plateformes comme Lita.co, Enerfip ou Blue Bees permettent de financer des projets dans l’énergie renouvelable, l’agriculture bio, ou l’entrepreneuriat social. 680 millions d’euros de financement solidaire pour plus de 1 470 projets à vocation sociale et environnementale ont été enregistrés en 2023. Cela a permis concrètement de financer 65 institutions, de reloger 2 100 personnes dans l’année et d’approvisionner 13 000 foyers en électricité renouvelable.

Si c’est l’immobilier qui vous intéresse, vous pouvez opter pour une SCPI à fonds de partage comme Pierval Santé, Primovie et Cristal Life qui reversent une partie de leurs revenus à des associations, tout en offrant des rendements compétitifs. Investir dans le foncier agricole permet de soutenir une agriculture durable et de favoriser l'installation de nouveaux agriculteurs. Fermes en Vie (FEVE) par exemple acquiert des terres agricoles pour les louer à des agriculteurs engagés dans l'agroécologie, avec une option d'achat. Les investisseurs bénéficient d'avantages fiscaux, notamment une réduction d'impôt sur le revenu de 25 %. Les Groupements Foncier d'Investissement (GFI) permettent eux d'investir dans des forêts françaises, contribuant à la séquestration du carbone et à la préservation de la biodiversité. France Valley propose des GFI labellisés Greenfin, offrant une réduction d'impôt de 18 % sur la somme investie et une exonération d'IFI.

Pour financer la transition énergétique, la coopérative Énergie Partagée permet d'investir dans des projets locaux d'énergie renouvelable (éolien, solaire, hydraulique, méthanisation), avec une rentabilité annuelle de 2 à 3,5 %. Green-Got propose elle une assurance vie GG Planet qui permet de financer de cette transition et les 8 piliers essentiels à celle-ci : énergies bas-carbone, bâtiment bas-carbone et écologique, économie circulaire, industrie bas-carbone, technologies de l’information et de la communication, agriculture durable, transports bas-carbone, adaptation au changement climatique déjà présent. Les entreprises et les fonds composant les portefeuilles de l’assurance-vie Green-Got font partie de ces secteurs d’activités clés pour la construction d’une société durable et soutenable.

Rentabilité et impact réel

De nombreux placements proposent une rentabilité raisonnable, souvent autour de 1 à 5 % par an. Certes, on est loin des performances promises par certains fonds spéculatifs, mais ici, le retour sur investissement est aussi social et environnemental. Et pour beaucoup d’épargnants engagés, cela vaut largement quelques points de pourcentage.

Le label Finansol qui impose aux produits labellisés de respecter des critères stricts de transparence, d’utilité sociale et de traçabilité des fonds permet de suivre les projets financés. Chaque année, FAIR publie un baromètre de la finance solidaire qui permet de mesurer concrètement les effets de cette épargne : logements créés, emplois soutenus, hectares d’agriculture biologique financés, etc.

Placer son argent de manière solidaire, c’est participer activement à la construction d’une économie plus juste, plus humaine, et plus durable. Sans être un expert de la finance, chacun peut choisir un livret, un fonds ou un projet qui correspond à ses valeurs. Selon le dernier baromètre de France Active, 55% des Français souhaitent augmenter (17%) ou maintenir (38%) leur effort d’épargne en 2025, soit une hausse de 9 points par rapport à l’an dernier. Les jeunes, en particulier les 18-24 ans (56%), expriment un intérêt croissant pour l’épargne, notamment face à l’incertitude de l’avenir. De bon augure pour la finance solidaire. Mais il va falloir mieux informer et faire savoir : près de 7 français sur dix se savent pas vraiment ce qu’est l’épargne solidaire. Ils se déclarent mal informés sur son fonctionnement, ses finalités, les produits proposés ou les acteurs qui la gèrent.

Sources :

Banque de France

La finance pour tous

Finansol

La Nef

Crédit Mutuel