En 32 ans, l’instrument de financement européen pour le climat et l’environnement, LIFE, aura co-financé plus de 6 000 projets dans les États membres et les pays associés. Pour renforcer son action et son impact, la Commission européenne a augmenté le financement du programme de près de 60 % sur l’exercice 2021-2027. Résultat : un budget de près 5,43 milliards d'euros pour contribuer à la réalisation des objectifs climatiques, énergétiques et environnementaux du Pacte vert pour l’Europe.
Une action qui se renforce
Le 21 octobre 2024, la Commission européenne attribuait plus de 380 millions d’euros à 133 nouveaux projets LIFE. Un enveloppe qui permettra de couvrir plus de la moitié des 574 millions d'euros d'investissements nécessaires pour ces projets, complétés par les autorités nationales, régionales et locales, des partenariats public-privé, des entreprises et des organisations de la société civile. Ces 133 projets sélectionnés parmi plus de 653 candidatures au terme de l’appel d’offre 2023, vont contribuer aux objectifs fixés par le pacte vert pour l'Europe : atteindre la neutralité climatique d'ici à 2050, enrayer et inverser la perte de biodiversité d'ici 2030… tout en garantissant la prospérité du continent. « Ces investissements auront une incidence durable sur notre environnement, notre économie et le bien-être de tous les Européens. »¹ souligne la Commission. Des projets dont les budgets s’élèvent en moyenne entre 2 et 5 millions d’euros, jusqu’à 15 pour certains, pour une durée de 3 à 5 ans en moyenne, co-financés à hauteur de 60 % à 95 % par l’UE. Il ne s’agit pas de projets de recherche ou d'infrastructures mais bien de projets "proches du marché", qui peuvent avoir pour objectif de mettre au point, démontrer et promouvoir des techniques, méthodes et approches innovantes pour atteindre les objectifs européens ; de participer à la conception, mise en œuvre, au suivi et contrôle de l'application de la législation et de la politique de l'Union ; de catalyser le déploiement à grande échelle de solutions efficaces pour mettre en œuvre la législation et la politique de l’Union.²
Contribuer aux objectifs européens
Pour soutenir les efforts de l’Union en matière de climat, d’environnement et de transition énergétique, les financements alimenteront les quatre piliers du programme LIFE. 143 millions d'euros (dont 74 alloués par l'UE) seront ainsi mobilisés pour contribuer à l'économie circulaire et à l'amélioration de la qualité de vie. 26 projets ont été sélectionnés pour réduire la consommation d'eau, les déchets et la pollution, atmosphérique et sonore, mais aussi pour démontrer l'intérêt économique de la réduction, réutilisation et recyclage des déchets. Le projet italien LIFE GRAPhiREC, recycle par exemple le graphite issu des déchets de batteries, quand l’espagnol LIFE POLITEX transforme les déchets textiles pour réduire l'empreinte environnementale de l'industrie de la mode. Aux îles Canaries, DESALIFE produit de l'eau douce à partir de l’océan Atlantique grâce à des bouées alimentées par l'énergie marémotrice. Pour soutenir la nature et la biodiversité, près de 216 millions d'euros (dont 144,5 européens) ont également été attribués à des projets visant à restaurer les habitats et les écosystèmes d'eau douce, marins et côtiers, ou à améliorer l'état de conservation des populations d'oiseaux, insectes, reptiles, amphibiens et mammifères. Dans le cadre de la stratégie européenne en faveur de la biodiversité, onze pays (Belgique, Allemagne, Espagne, France, Lituanie, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Ukraine et Sénégal) se sont associés dans les projets LIFE4AquaticWarbler et LIFE AWOM, pour sauver les phragmites aquatiques rares. Pour renforcer la résilience au changement climatique, le programme LIFE consacrera aussi 110 millions d'euros (auxquels l’UE contribuera à hauteur de 62 millions) à des projets proposant par exemple des solutions d'adaptation du secteur agricole au changement climatique et à la rareté de l'eau comme LIFE VINOSHIELD. Conduit par l’Espagne, la France et l’Italie il vise à aider les vignobles à faire face à des événements météorologiques extrêmes grâce à des filets textiles. En République Tchèque Agristructure LIFE développera pour sa part des aménagements paysagers pour renforcer la résilience des exploitations agricoles face au changement climatique. 105 millions d'euros (dont 99 européens) seront enfin dédié à des projets visant à accélérer la transition vers une énergie propre, comme le programme de formation numérique LIFE DiVirtue. Disponible en Bulgarie, Tchéquie, Grèce, Croatie et Roumanie, il utilise la réalité virtuelle et la réalité augmentée pour accompagner les étudiants et professionnels de la construction dans la conception de bâtiments à émissions nulles. En Belgique, le projet RE-LEAF permettra lui d’accélérer la rénovation immobilière pour les personnes à faibles revenus dans les Flandres.
La France mobilisée
La France n’est pas en reste : dix projets nationaux bénéficient cette année de ces financements, pour un montant total de 54 millions d’euros dont 31 de subventions européennes. Des projets représentants les quatre axes de travail du programme LIFE, dont certains en collaboration avec d’autres pays européens ou des pays tiers. En matière de préservation de la nature et de la biodiversité, l’UE a sélectionné le projet LIFE Stop Extinction, qui vise à sauver cinq espèces d’oiseaux en danger critique d’extinction en Polynésie française. Dans la lignée du projet collaboratif Vinoshield, trois autres projets français visant l’atténuation et l’adaptation au changement climatique font aussi parti des 133 projets annoncés le 21 octobre : Dorsancy, qui vise l’adaptation au changement climatique, la transition et la revitalisation de la haute vallée de la Dordogne ; Adapto Plus, mené dans 10 territoires pilotes pour faciliter l’adaptation des zones côtières au changement climatique grâce à des solutions fondées sur la nature, et Maraisilience qui œuvre à renforcer la résilience climatique du marais poitevin. Les projets français retenus sont nombreux aussi en matière de transition vers une énergie propre. Dans la métropole Aix-Marseille-Provence et l’Eurométropole de Strasbourg, le projet Otter LIFE accompagne les habitants dans des travaux de rénovation énergétique. Le projet ENERPROD vise lui à accélérer les 120 projets d’énergie renouvelable menés par les citoyens, des coopératives et des communautés énergétiques, quand Reno Tides, cible la rénovation massive nette zéro de logements, notamment sociaux, avec des systèmes collectifs de rachat d’office, en particulier de façades isolées préfabriquées. Les collectivités sont souvent au cœur de ces projets, comme Octopus qui doit permettre l’accélération de la mise en œuvre de plans et d’actions régionales en matière d’énergie et de climat dans 6 régions, ou Sparkle qui doit permettre à plus de 600 collectivités locales d’améliorer leurs connaissances pour mettre en œuvre leur transition énergétique, via une plateforme d’apprentissage en ligne en libre-accès, des séminaires, un outil de modélisation en libre accès et du mentorat.
Pour poursuivre son action et avancer vers ses objectifs, la Commission lançait le 18 avril dernier déjà les appels à projet de l’édition 2024. Une édition plus ambitieuse encore que la précédente, avec un budget de 571 millions d’euros et deux nouvelles catégories : Nouveau Bahaus européen, doté de 8 millions pour « réinventer nos espaces de vie et de collaboration pour qu’ils soient plus durables, inclusifs et esthétiques », et Gouvernance environnementale, doté de 10 millions d'euros pour améliorer la mise en œuvre des politiques et législations environnementales.
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