23 janvier : journée mondiale des solitudes. L’occasion de rappeler que l’isolement social et la solitude sont des phénomènes d’ampleur. En 2024, 12 % de la population française se trouvait en isolement social. 1 personne sur 5 se sent régulièrement seule, une souffrance pour 83 % d’entre elles.¹ Au-delà de la mobilisation de début d’année, c’est toute l’année qu’il faut agir et alerter sur les conséquences d’une réalité inquiétante.
Alerter sur la réalité de l’isolement social
« La solitude en France est un phénomène qui évolue peu mais se polarise. Les plus précaires sont toujours plus exposés à l’isolement : les personnes au chômage sont deux fois plus isolées que les actifs », souligne Hadrien Riffaut, chercheur au Cerlis.² Les personnes sans emploi sont touchées de plein fouet par la solitude : 44 % d’entre elles contre 23 % des actifs ont déclaré se sentir seules. Or, l’isolement a des conséquences concrètes sur la santé physique et mentale. Il augmente le risque de fragilité physique, ce qui entraîne d’autres fragilités psychologiques comme la dépression ou le déclin cognitif. Chez les personnes âgées, l’une des catégories les plus concernées, l’isolement accélère considérablement la détérioration de leur état de santé. Une autre tranche d’âge subit les affres de l’isolement : 58 % des 16-25 ans se considèrent aujourd’hui comme isolés. « J’ai des discussions la journée avec des camarades ou des collègues, mais une fois en week-end ou en vacances, personne ne va prendre de nouvelles. C’est difficile d’avancer comme ça : comment avoir confiance en soi quand personne ne voit de valeur en nous ? » s’interroge Germain, 21 ans, dans les colonnes du Monde.³ Le phénomène a longtemps été
été oublié par les politiques publiques. Depuis la crise de Covid-19 qui a largement contribué à l’aggravation de ce phénomène, créant même chez certains des phobies sociales, des études ont été menées. « Chez les jeunes qui font part d’un sentiment de solitude, on multiplie par quatre le risque de pensées suicidaires : c’est un facteur de risque dont on ne s’attendait pas à ce qu’il soit aussi puissant », explique le professeur Tzourio.⁴
Entourage : association engagée pour renforcer le lien social et retrouver un emploi
Depuis 10 ans, l’association Entourage alerte, agit et accompagne les personnes en situation de précarité et d’isolement social. Son objectif est d’offrir une multitude d’actions en fonction des envies, des disponibilités et des besoins de chacun. 3 programmes ont été développés par l'association : Entourage Local, Entourage Pro et Entourage Sport. Recréer du lien avec les personnes isolées peut commencer autour de soi. Grâce à l’application Entourage Local, n’importe quel citoyen peut permettre de recréer un lien avec une personne en marge et seule. 50 000 bénévoles se sont déjà engagés pour “entourer” 13 000 voisins en situation d’exclusion. Sur l’application mobile, il est non seulement possible de rencontrer des personnes, de proposer ses services comme de l’aide administrative ou de faire des dons de biens matériels. Les bénéficiaires peuvent poster des annonces détaillant leurs besoins. Des événements auxquels chacun peut participer sont également proposés : cours de yoga parent / enfant, promenade dans la nature, scrabble, café, escalade, ateliers de sensibilisation…
Entourage Pro propose via le réseau d’améliorer l’accès à l’emploi des personnes exclues. L’association a accompagné plus de 550 candidats grâce à 1000 coach bénévoles. Les entreprises peuvent également poster leur annonce d’emploi sur la plateforme prévue à cet effet et ainsi participer au cercle vertueux du recrutement inclusif. « J’ai découvert que j’ignorais des choses sur mon CV, on m’a appris à me découvrir. Entourage Pro, c’est un GPS pour être humain ! Vous nous aidez à trouver notre chemin et à le construire sans pour autant le faire pour nous » témoigne Danny, un candidat accompagné.⁵
Un apport mutuel, dont les bénévoles mesurent aussi l’impact avec simplicité et facilité. « Je cherchais un bénévolat simple et joyeux. Alors quand on m’a dit “c’est un bénévolat qui se cale sur ton emploi du temps et pas l’inverse” j’étais conquise. J’ai rencontré des personnes juste merveilleuses qui m’ont bien plus appris et fait grandir qu'elles ne le pensent. Parce qu’on apprend toujours au contact des autres, parce que la mission est juste merveilleuse. Parce qu’Entourage c’est avant tout une aventure humaine, des rencontres, des rires, des souvenirs » partage Manon, ambassadrice Entourage.
Le sport : un formidable levier de réinsertion
Le dernier programme, Entourage Sport, considère le sport comme un vecteur d’inclusion. Véritable levier de remobilisation des plus fragiles, ce programme permet aux bénéficiaires de participer à des événements sportifs mais aussi de rejoindre un club sur la durée. Plus de 100 événements ont déjà été organisés, grâce à des partenariats avec les fédérations sportives et les clubs. L’initiative s’inspire du parcours de Medhi, aujourd’hui bénévole d'Entourage qui a connu la rue. Grâce à des parties de ping-pong jouées dans un square à Paris, il a pu sortir de son isolement. « Chez Entourage, nous construisons nos actions avec les personnes concernées. L’expérience de Mehdi nous a convaincus de la puissance du sport pour mener à bien nos missions. Qu’il s’agisse de se retrouver sur le terrain ou en tribune, le sport permet de se remobiliser physiquement et mentalement, de partager des émotions et de créer du lien social. Les personnes en situation de précarité ont donc, encore plus que d’autres, besoin du sport pour retrouver un réseau et se réinclure durablement dans la société », conclut Marie-Flore Leclercq, directrice générale d’Entourage.⁶
²Ibid
⁴Ibid
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