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Vers une supply chain plus durable

Jusqu’à 80 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent de la supply chain. Dans cette course déterminante pour lutter contre le changement climatique, les chaînes d’approvisionnement durables sont un impératif pour les entreprises. Cette transformation à l’oeuvre témoigne d’une véritable prise de conscience de la profession. Si les investissements et les changements à opérer sont nombreux, les actions engagées commencent déjà à porter leurs fruits : réduction des émissions de gaz à effet de serre, amélioration de la performance opérationnelle et de l’image de marque, mais aussi réduction des coûts, accroissement de la valeur de l’entreprise tout en renforçant l’engagement des collaborateurs et la fidélisation des clients.


Par Elisabeth de France



© 2m images/freepik


Optimiser les émissions de CO2


Face aux nombreux défis posés par le changement climatique, le réseau logistique doit être repensé pour optimiser les émissions de CO2. Cela passera par la réduction des distances et des risques de transport, et la sélection du mode de transport le plus approprié. « Contribuer activement à la diminution des émissions de CO2 est de notre responsabilité. Et le challenge qui est le nôtre est immense : comment continuer d’approvisionner les populations, comme le fait notre Groupe depuis 100 ans en Europe, de manière toujours plus durable, en respectant les limites planétaires et en nous adaptant aux évolutions du monde ? Depuis 2020, nous avons renforcé notre feuille environnementale avec notre démarche pour le climat 2030, « Moving Green » qui doit nous conduire à réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre de nos véhicules d’ici 2030 ; à utiliser 100% d’énergies bas carbone dans nos bâtiments d’ici 2025 et à intégrer et accompagner nos sous-traitants transport dans notre démarche d’engagement vertueuse et sensibiliser nos équipes au changement climatique. » témoigne Armelle Perrier, directrice développement durable Groupe STEF. Par ailleurs, l’électrification du monde va créer de fortes tensions sur la supply chain du cuivre « 50.5 millions de tonnes vont manquer sur les 8 prochaines années. Créer des filières de recyclage doit être au coeur des nouvelles supply chain du cuivre, mais pas seulement… Il va nous falloir apprendre à travailler dans un monde où la gestion de la rareté est la norme. Nous pouvons d’ores et déjà avoir recours aux LED ou encore à la biomasse pour les bâtiments et utiliser les énergies alternatives pour les transports (électricité pour courtes distances, B100 pour moyenne distance, Biogaz et Hydrogène pour longues distances). » détaille Yann de Feraudy, président de France Supply Chain.« Nous avons en effet sélectionné les énergies alternatives destinées à se substituer progressivement au diesel comme le biocarburant B100 d’origine française, le biogaz naturel pour véhicules (bioGNV) ainsi que l’électricité. Nous souhaitons que 30 % de notre flotte roule aux biocarburants d’ici 2026. Le Groupe entend également optimiser ses consommations via les apports de l’intelligence artificielle à ses schémas de transport et à de nouvelles formes d’écoconduite, une pratique désormais largement diffusée au sein de l’entreprise. Enfin, il apporte toute sa participation aux avancées concernant l’utilisation de l’hydrogène, l’énergie du futur, ou aux tests en cours sur les camions électriques. » souligne Armelle Perrier et d’ajouter « Deux ans après le lancement, les résultats sont encourageants : nos émissions de gaz à effet de serre ont déjà diminué de 16 %. Nous avons optimisé nos schémas de transport et amélioré nos taux de remplissage des véhicules tout en travaillant sur l’évolution des comportements de conduite et au renouvellement de notre flotte de véhicules à énergies alternatives. Au sein de nos bâtiments, l’électricité bas carbone représente désormais 76 % des consommations grâce au développement de nos capacités d’autoproduction à partir de la technologie photovoltaïque. Nos équipes ont également œuvré auprès de nos partenaires transport en les aidant à réaliser des diagnostics de leur parc de véhicules, en mettant en place de nouveaux contrats incluant des engagements environnementaux et en déployant un dispositif de certificats d’économie d’énergie pour l’évolution de leur matériel. En interne, le lancement de la Climate School a permis à une partie de nos équipes de bénéficier de modules d’e-learning sur la transformation durable, sans oublier la poursuite des initiatives développées dans les pays, comme le projet « zéro plastique » en Italie. Le Groupe a aussi initié la mise en place d’un système de comptabilité carbone. »


La stratégie du dernier kilomètre


La stratégie du dernier kilomètre doit aussi être repensée sous l’angle durable. En aval, la mise en œuvre d’une stratégie innovante devrait faire émerger de nouveaux modèles de distribution et de décarbonation des opérations, comme inclure des solutions de livraison multimodales dans les espaces urbains et des partenariats avec des acteurs de la livraison durable. « Une logistique des retours qui se veut efficiente contribuera également au développement de l’économie circulaire au travers de la maitrise du recyclage ou de la revalorisation des produits en fin de vie. » ajoute Clément Falquet, Directeur Global lead Sustainable Operations & Supply Chain, Capgemini Invent. Et Yann de Feraudy de poursuivre « Les supply chain dont aura besoin l’économie circulaire sont à construire selon 4 dimensions. Industrielle, afin de définir et mettre en place des démarches d’éco-conception à 360° intégrant l’approche circulaire et des standards d’interopérabilité ; technologique pour donner un support de traçabilité de confiance sur les données des composants (matière, articles, pièces) et des acteurs (OEM, réparateurs, reconditionneurs…) ; économique pour trouver les nouveaux équilibres de performances du point de vue de la massification autant que de la conception de nouveaux flux et offres de services ; et enfin politique pour créer les conditions favorables à la mise en place de services et flux circulaires via l’incitation, la facilitation, les aides, la labellisation / certification ou la promotion de ces initiatives au plan régional, national et européen. » Optimiser la planification de bout en bout pour limiter l’obsolescence des stocks et le gaspillage est un autre effet de levier. La visibilité de la chaîne d’approvisionnement est essentielle pour réduire les déchets. « En connectant la demande des consommateurs avec les fournisseurs et les sous-traitants, ainsi qu’en offrant une visibilité de bout en bout de la chaîne de valeur, il est possible d’optimiser la consommation des ressources, les déchets et les niveaux de stock. Cela est particulièrement intéressant pour l’industrie agro-alimentaire où près d’un tiers de la nourriture produite dans le monde n’est jamais consommée. » complète Clément Falquet.


Des actions porteuses


Souvent vus comme une contrainte, les engagements en faveur de la durabilité représentent aussi de nombreux atouts pour les entreprises. Minimiser les risques, améliorer la résilience, réduire la consommation de ressources et de déchets, augmenter le taux de fidélisation et réduire les taux de rotation, améliorer l’engagement des collaborateurs et leur productivité, etc. « Une démarche engagée permet aussi d’augmenter la valeur de l’entreprise en réduisant le coût du capital, en diminuant les primes de risque, en diversifiant les options de financement, en améliorant l’image de marque et en renforçant la confiance des investisseurs, tout comme la fidélité des clients. » poursuit Clément Falquert « Si la réduction de nos consommations d’énergie est également un enjeu économique, elle ne se limite pas à cette motivation pour nos collaboratrices et collaborateurs. Nous percevons très nettement leur engagement et une véritable dynamique de Groupe. Il nous appartient de poursuivre ces efforts dans le temps et de prendre en compte ces programmes d’évolution et de transition écologique comme des investissements à moyen et long terme. Associer durabilité et performance est possible autant qu’essentiel. Dans notre plan stratégique intitulé « Engagé pour un avenir durable », l’axe « Planet care » fait partie intégrante des ambitions affichées. Cette démarche stratégique et responsable est à l’image d’un marathon. Elle implique à la fois un engagement dans la durée et un effort de tous les jours dans lesquels chaque collaboratrice et collaborateur peut se projeter. » conclut Armelle Perrier.


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