Violences faites aux femmes : le sport, un chemin vers la reconstruction
- camilleleveille8
- 3 juil.
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Des milliers de femmes en France subissent, chaque année, des violences physiques, sexuelles ou psychologiques. Au-delà des chiffres, ce sont des parcours de vie bouleversés et des besoins de reconstruction. En France, plusieurs initiatives s’appuient sur la pratique sportive pour accompagner ces femmes. Reprendre confiance et se réapproprier son corps : autant d’étapes rendues possibles grâce à des programmes comme Fight for Dignity, Les sentiers des possibles ou Poing Levé.

Des chiffres glaçants
Chaque année, plus de 200 000 femmes en moyenne sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles. 1 femme sur 3 sera victime de violence au cours de sa vie. Une agression sexuelle a lieu toutes les deux minutes. 81 % des femmes ont déjà été victime d’harcèlement sexuel dans un lieu public. Derrière ces chiffres, ce sont des femmes et des jeunes filles violentées simplement parce qu’elles sont femmes. Ces statistiques reflètent autant de traumatismes avec lesquels il faut apprendre à vivre. Comment se relever ? Comment faire face ? Professionnels de santé, travailleurs sociaux et autres intervenants ont tous un rôle à jouer dans la prise en charge et la reconstruction des femmes victimes de violences car elles ont des conséquences sur leur santé mentale, leur santé physique mais aussi sur leurs enfants. Entamer un parcours de reconstruction, c’est leur permettre de tenter d’avancer vers un avenir meilleur.
Fight for Dignity : une méthode éprouvée
La pratique sportive est un véritable levier de résilience pour les femmes victimes de violences. Laurence Fischer, championne du monde de karaté a développé une méthode de karaté adaptée pour accompagner les femmes victimes de violence. Fight for Dignity né en 2014 lors d’un voyage de la karatéka au sein de la Maison Dorcas, gérée par la Fondation du Dr Denis Mukwege - gynécologue-obstétricien qui opère les femme mutilées par des violences sexuelles - en République Démocratique du Congo. Exercices et jeux d’échauffement puis techniques de karaté et de relaxation, tels sont les ateliers proposés par Laurence Fischer. A partir de 2018, la méthode est dupliquée à la Maison des femmes de Saint-Denis. En 2024, cette activité s’est étendue à 15 Maisons des femmes, en complément du parcours de soins et d’accompagnement. « Les femmes victimes de violences sont en état de déconnexion corporel, leur corps ne leur appartient plus. Soit elles n’ont plus de sensation, soit elles sont en permanence contractées. Laurence Fischer a inventé cette méthode qui utilise le karaté, mais aussi la sophrologie, le yoga… pour permettre cette reconnexion entre le corps et l’esprit, pour que les femmes puissent à nouveau sentir leur corps et le maîtriser. » souligne Sabine Salmon, directrice générale de Fight For Dignity.¹
Des programmes essaiment partout en France
Partout en France, de telles initiatives voient le jour. En 2021, la Fondation de France accompagne 30 actions développées par 5 structures pour un total de près de 450 000 euros. Le programme “Les sentiers des possibles” a pour objectif de renforcer l’autonomie et la confiance en soi de femmes victimes de violences ou en situation d’isolement, à travers la pratique d’activités physiques en montagne. Accompagnées par des structures partenaires, 20 femmes sont invitées à se retrouver chaque semaine pour préparer ensemble une sortie en montagne. Ce parcours collectif leur permet d’acquérir des compétences concrètes : ce parcours collectif leur apprend à s’orienter, planifier un itinéraire, marcher en groupe, s’entraider face aux difficultés, écouter leur corps, reconnaître leurs sensations et partager leurs ressentis… Ces expériences, en lien direct avec la nature, font écho aux défis du quotidien et contribuent à développer la confiance, la solidarité et les capacités d’adaptation. Depuis 2019, le club Renouveau Boxe propose le programme Poing Levé, un dispositif soutenu par la Ville de Lyon et la région Auvergne Rhône Alpes. Une fois par semaine, une dizaine de femme se retrouve dans ce club pour participer à des séances de boxe et de coaching mental. « Elles vont pouvoir avoir un espace protégé où se retrouver entre elles », explique Samir Hamzaoui, professeur de boxe et responsable du projet. Un travail physique progressif va leur être proposé. « Beaucoup d’entre elles n’ont jamais fait de sport. Ça leur permet donc de voir qu’elles sont en capacité de repousser leurs limites et de travailler sur l’image qu’elles ont de leur corps. La technique de boxe en soi, quant à elle n’est pas le but de départ », conclut-il.




