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Apolline Humblot : la jeunesse n’est pas résignée !

Dernière mise à jour : 16 déc. 2024

« Je ne vois pas pourquoi il faut aller à l’école car on va tous mourir lorsque je serai adulte ». (1) Ces mots, ce sont ceux de Lucas, 12 ans. Témoins du mal-être et de l’éco-anxiété qui envahit une partie de notre jeunesse, ces mots ne doivent pas être ignorés et surtout doivent susciter un vent d’action. Pour redonner de l’espoir, accompagner cette jeunesse à regarder autrement et ouvrir la voie vers un avenir engageant et plus prometteur, certains agissent déjà et entendent bien faire bouger les lignes.


Rencontre avec Apolline Humblot, 18 ans et lauréate du Prix Margaret Junior Europe pour son projet Ec(h)o.




© JFD / François Tancré


Volonté d’agir


En 2021, ils étaient plus d’un Français sur 2 âgés de 16 à 25 ans à être très ou extrêmement inquiets concernant le changement climatique. (2) Une éco-anxiété qui affecte le quotidien de 35 % d’entre eux. Le dernier rapport du Défenseur des droits sur le droit des enfants à un environnement sain va dans le même sens. 75 % des jeunes ont des difficultés à se projeter dans l’avenir… (3) « D’un point de vue général, surtout chez les jeunes, l’angoisse s'accumule, un stress par rapport au changement climatique. Il est presque inconscient. On le voit dans les médias, partout, tout le temps. Cette éco-anxiété paralyse la plupart d’entre nous et mène à l’inaction » explique Apolline Humblot et de poursuivre : « On se pose de nombreuses questions : Comment va-t-on survivre sur cette planète qui se meurt ? Que laisserons-nous aux générations futures ? Ces questions sont déprimantes ». Mais, Apolline, n’a pas voulu se résigner, elle a voulu agir. « Cet état d’esprit dans lequel j’ai pu être, ainsi que mes amis, m'a donné envie d'essayer de trouver un moyen de réduire cette éco-anxiété en créant un outil qui aiderait chaque personne à trouver des réponses, à échanger avec d’autres, à se sentir mieux finalement. Je voulais avoir un impact positif. »


Un projet en construction


C’est ainsi que l’idée de créer Ec(h)o a germé dans l’esprit de la jeune du Val d’Oise. « Notre projet est surtout d’essayer de regrouper les gens en communauté intergénérationelle, des jeunes et des moins jeunes. Réunir tout le monde autour de l’engagement pour l’écologie et susciter un intérêt. Je suis convaincue que si l’on change d’optique sur le changement climatique, si l’on essaye d’être un peu plus optimiste, les lignes peuvent bouger et les mentalités évoluer. Je pense que c’est l’une des solutions possibles, rien que pour aller mieux. De voir que des petites actions mises en place ont des impacts positifs, ça fait du bien au moral » souligne Apolline Humblot. Si à l’origine le projet devait se concrétiser par une application mobile, aujourd’hui Apolline se questionne quant à la pertinence de ce médium. « Il y a eu beaucoup de médiatisation sur le sujet, je pense que ça m’a un peu perdue, je ne savais plus comment orienter le projet. Ce qui est certain, c’est que, sur Ec(h)o, chacun pourra trouver des associations ou activités en rapport avec l’engagement écologique proche de son domicile et le plus facilement possible. J’aimerais utiliser les algorithmes pour aider les gens à s’engager, les pousser à agir. Je souhaiterais aussi que le volet santé mentale soit présent et que l’esprit communautaire soit au centre du projet. Reste à savoir comment cet esprit pourra se concrétiser sans qu’il ne devienne nocif, comme on peut le voir aujourd’hui avec les réseaux sociaux. » partage la jeune femme. Si pour l’heure Apolline n’a pas de connaissance en santé mentale, elle cherche à s’entourer de professionnels qui pourraient l’aider dans son projet.


Le Prix qui a tout changé


Apolline Humblot a été distinguée en mars dernier en recevant le Prix Margaret Junior Europe qui récompense des projets dans la technologie portés par des femmes âgées de 7 à 18 ans. « Ce prix m’a propulsé sur le devant de la scène et m’a ouvert de nombreuses portes. J’ai eu un accompagnement personnalisé et j’ai pu rencontrer une multitude d’acteurs qui travaillent dans la RSE notamment. Je suis très chanceuse d’avoir accès à autant de professionnels et d’experts. Certains me donnent des conseils, bienveillants, pour le développement du projet ». Apolline souhaiterait que de telles initiatives soient dupliquées tant les effets ont été bénéfiques : « Cela représente beaucoup pour moi. D’un naturel timide, je suis la preuve qu’on peut réussir à développer des projets, à se surpasser pour des causes qui nous dépassent et qui peuvent changer la donne. C’est tellement gratifiant de voir que l’on est suivi dans nos idées et que l’on nous aide à concrétiser nos projets ».


Encourager les femmes à se tourner vers des filières scientifiques


« Fondamentalement, je ne pense pas qu’il y ait moins de femmes qui soient intéressées par les sujets liés aux nouvelles technologies, c’est plus un modèle sociétal qui ne nous pousse pas à nous tourner vers ces filières. Il s’agit d’un phénomène ancré dès l’enfance. Disons que le discours n’est pas encourageant » témoigne Apolline Humblot et de conclure : « C’est pour cette raison que le Prix Margaret Junior Europe est très important. Les femmes doivent avoir un espace où s’exprimer et les médias se doivent de relayer de telles histoires pour donner envie aussi, créer des rôles modèles. » Apolline a pour l’heure fait le choix de s’orienter vers une filière artistique, loin pour l’instant de la tech. Mais est-ce pour autant incompatible ? Evidemment non, Apolline a plusieurs cordes à son arc et compte bien les explorer et les exploiter. Elle pense notamment à une carrière dans l’industrie du jeu vidéo et poursuit en parallèle de ses études, le développement d’Ec(h)o, le temps qu’il faudra, dit elle. Notre jeunesse a non seulement du talent, mais aussi la sagesse de bien faire les choses en appréciant le temps long. Une belle leçon et de magnifiques espoirs !



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