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Engagements citoyens pour un accueil digne des réfugiés

Dans L’Histoire de Souleymane, film réalisé par Boris Lojkine, un jeune demandeur d’asile erre d’un guichet à l’autre, dans un système opaque et épuisant. En France, en 2024, plus de 150 000 personnes ont déposé une demande à l'OFPRA.¹ Derrière ces chiffres, des réalités humaines souvent marquées par l’attente et la précarité. Mais certains citoyens sont loin d’être résignés. À Rennes, des collégiens se mobilisent pour une Europe plus accueillante. Ailleurs, des familles ouvrent leur porte à des personnes réfugiées.

© Franz P. Sauerteig
© Franz P. Sauerteig

Une légère baisse des demandes de protection internationale en 2024


Entre 2015 et 2023, les demandes d’asile n’ont cessé d’augmenter en France, avec une exception pour l’année 2020, année marquée par la pandémie de Covid-19. Selon les derniers chiffres disponibles, en 2024, plus de 150 000 de protection internationale ont été introduites à l’Ofpra, toutes procédures confondues, représentant une légère baisse par rapport à l'année précédente. Malgré une baisse de près d'un tiers des demandes, l'Afghanistan reste le premier pays de provenance des demandeurs d'asile devant l'Ukraine suivie de la Guinée, de la République Démocratique du Congo et de la Côte d'Ivoire.² Les principales raisons de départ sont bien identifiées : regroupement familial, persécution dans le pays d'origine ou motivations économiques. Les mineurs arrivés seuls sur le territoire national reste une population particulièrement vulnérable. « Mineurs non accompagnés » ils étaient plus de 13 000 l'année dernière à avoir franchi les frontières sans adulte référent, livrés à eux-mêmes dans ce parcours migratoire.


Faire bouger les lignes : les collégiens s’engagent


Au collège Rosa Parks, établissement du réseau d’éducation prioritaire de Rennes, 6 collégiens ont un projet audacieux. « On veut changer la loi. On aimerait que la France et l’Union européenne accueillent dignement les migrants. » explique Nassim. « Les adultes ne font rien, alors on a décidé de s’en charger » abonde Carmine.³ En 2022, d’autres élèves avaient déjà rédigé un texte pour alerter sur la situation des demandeurs d’asiles après avoir découvert avec stupeur que certains de leurs camarades vivaient entre squats et foyers, attendant leur précieux titre de séjour. Ils avaient alors lancé un appel à la solidarité dans leur quartier… ce qui s’est transformé en initiative citoyenne européenne (ICE). « Les “fondateurs” ont imaginé le recours à l’ICE. Les “héritiers” prennent le relais avec la même détermination. Ils veulent avoir leur mot à dire sur l’évolution de la société », se réjouit Ronan Chérel, le professeur d’histoire-géographie qui encadre le projet. Grâce à l’ICE, tout citoyen de l’Union peut lancer une pétition. Si cette dernière recueille un million de signatures en une année, dans plusieurs pays de l’Union européenne, oblige la Commission européenne à étudier le projet et éventuellement faire évoluer la loi. Le projet des collégiens, lancé en 2023 et baptisé #DignityinEurope, a interpellé le député européen LFI Damien Carême. Ce dernier les avait invités à présenter leur projet en conférence de presse pendant sa campagne pour sa réélection en 2024. Si les grèves de train les ont empêchés de se rendre à Bruxelles le jour prévu, il n’en reste pas moins que ces collégiens ont éveillé les consciences et alerté sur des situations de grande précarité.


Accueillir un réfugié chez soi : une démarche humaine


S’engager personnellement pour offrir un accueil digne à des personnes réfugiées sans solution d’hébergement, c’est possible grâce à l'association J’accueille. Depuis 9 ans, l’organisme met en lien des personnes réfugiées avec des personnes ayant une chambre de libre dans leur logement et ayant envie de partager une partie de leur quotidien avec une personne d’une autre culture. Une immersion qui permet à chacun de s’ouvrir à l’autre. « C’est la deuxième fois que nous accueillons avec J’accueille. À chaque fois, cela a été un enrichissement pour nous. Nous pouvons entrevoir d’autres cultures et des modes de vie très différents des nôtres. »⁴ partagent Odile et Manuel, accueillant à Fontainebleau. La personne réfugiée quant à elle peut se consacrer à sa recherche d’emploi et de logement ou un projet de reprise d’études. Cela lui permet d’imaginer un peu plus sereinement son avenir sur le sol français. Bran Ahmed Mamari a 26 ans, il habite à Antony chez Christophe et Véronique. Ce qu’il aime le plus chez eux ? « Leur bienveillance, ils sont trop gentils et ils sont attentionnés et à l'écoute » témoigne-t-il.⁵ Et les résultats sont là : les personnes accueillies dans le cadre de J’accueille ont 6 fois plus de chance de trouver un logement et 4 fois plus de trouver un emploi par rapport à une autre personne qui n’aurait pas été accueillie. Bran Ahmed Mamari a ainsi pu commencer une formation “agent de piste”, son objectif étant de travailler à Roissy Charles de Gaulle. A l’instar de Bran Ahmed, J’Acceuille a d’ores et déjà accompagné 1200 personnes.


Initiatives européennes


Aux quatre coins du Vieux Continent les initiatives pour un meilleur accueil des personnes réfugiées essaiment. Le Royaume-Uni mise sur le parrainage communautaire pour renforcer l’accueil des réfugiés : ce dispositif permet à des associations, groupes religieux ou citoyens volontaires de prendre en charge l’installation d’une famille réfugiée dans leur localité. Logement, accompagnement administratif, cours d’anglais et intégration sociale : les parrains assurent un soutien complet durant un an, voire plus. Au-delà de l’aide concrète, cette initiative favorise la solidarité locale. En Grèce, depuis 2013, SolidarityNow agit pour une société plus inclusive en soutenant les personnes vulnérables via deux centres de services gratuits à Athènes et Thessalonique. L’organisation propose une aide juridique, un soutien psychosocial et un accompagnement vers l’emploi avec une approche holistique. Le tout en promouvant l’autonomie et la diversité. En Lituanie, le centre d’accueil des réfugiés et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont lancé, en partenariat avec l’Italie et la Belgique, le projet RISE (Reinforcing Integration through Sponsorship Enhancement). L’initiative vise à améliorer l’accès au logement, pierre angulaire de l’intégration. En mobilisant les autorités locales, les associations et les communautés, RISE entend créer des outils pratiques et renforcer les mécanismes de soutien. Lancé récemment, le projet se terminera en avril 2026. Autant d’initiatives qui pourraient inspirer en France… à condition de croire en la capacité des territoires, des citoyens et des institutions à faire de l’hospitalité un levier d’inclusion et de cohésion.



²Ibid

 
 

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