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Des grands événements (plus) durables ?

A moins de 200 jours de la Coupe du monde de rugby et de 500 jours des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, les politiques environnementales de ces deux événements sportifs sont ambitieuses. A l’heure où certaines critiques fusent sur le prix des billets, où quelques inquiétudes sur la sécurité des JOP 2024 sont soulevées, les organisateurs des grands événements s’engagent pour tenter de répondre, au mieux, à des standards environnementaux de haut niveau.

Premier opus d’une série en 3 articles sur les engagements ESS de la Coupe du monde de rugby et des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.


Par Diane Cassain




Amorcer une transition écologique


« On ne peut plus organiser un événement comme les JOP comme on l’aurait fait il y a 15 ou 20 ans. Le défi, c’est de faire face aux challenges d’aujourd’hui, mais aussi de poser une pierre pour aller dans la bonne direction pour demain »¹, témoigne Georgina Grenon, directrice excellence environnementale de Paris 2024. L’un des enjeux des grands événements sportifs réside dans sa capacité à nourrir les sportifs, le public, les équipes d’organisation mais aussi le staff. 13 millions de repas seront servis durant les deux semaines olympiques. Un véritable défi logistique et environnemental. Pour le relever, Paris 2024 souhaite s’appuyer sur une agriculture française, certifiée et de saison. La lutte contre le gaspillage alimentaire et la réduction des usages du plastique font également partie du plan d'action. En termes de construction, 95 % des bâtiments pré-existent et 100 % de l’alimentation énergétique sera renouvelable. Généralement, les grands événements sont alimentés par des groupes électrogènes fonctionnant à base d’énergies fossiles. Ce temps est donc révolu et permettra d’économiser près de 1800 tonnes d’équivalent CO2. « Il y a une façon traditionnelle d’organiser des grandes compétitions, nous avons étudié chacune des étapes pour faire différemment. Le sujet de l’énergie, c’est assumer notre part de responsabilité mais aussi laisser un héritage qui, nous l’espérons, permettra de changer la façon de réaliser des événements. »² souligne la directrice excellence environnementale. Du côté de la Coupe du Monde de rugby, la mobilité sera au cœur des enjeux. France 2023 Move, déployée au moment de l'événement, sera la première plateforme de mobilité responsable en Europe. « Elle aura vocation à centraliser l’intégralité des solutions de mobilité responsable disponibles sur le périmètre géographique de la Coupe du Monde de Rugby 2023 – autour des 10 villes hôtes – et à les proposer à tous nos publics [...]. Toutes les solutions de mobilité nécessaires à l’expérience France 2023 (taxis, scooters, billets de métro, vélos, bus...), dans les stades au-delà (visites touristiques) se retrouveront sur cette seule et même application ».³ Lors de l’événement, les déchets seront triés, réutilisés et valorisés et des alternatives seront proposées à la bouteille en plastique. Plus insolite encore : les mégots de cigarettes seront collectés, dépollués, transformés en bancs et offerts aux clubs amateurs. Les médailles des trois équipes du podium seront quant à elles recyclées à partir de téléphones et autres produits électroniques collectés dans les clubs de rugby. Recréer à partir de déchets est donc possible, même dans les plus grands événements sportifs de la planète.


Un impact réduit


« Chaque voyage en avion sera mesuré en nombre de tonnes de CO2 produites. On va ensuite racheter ce CO2, à des tarifs qui varient selon les pays. On paye pour planter des arbres afin de compenser l'impact carbone que nous n'avons pas pu réduire. Ces arbres seront plantés en France mais aussi à l'étranger. On cible l'Afrique du Sud par exemple, où la mangrove, rempart à l'érosion, est en train de disparaître »⁴, détaillait Claude Atcher, ancien patron de la Coupe du monde 2023. Avec comme objectif de réduire de moitié les émissions carbones par rapport aux JOP précédents, Georgina Grénon affiche elle aussi de grandes ambitions. Paris 2024 prévoit l'émission d’environ 1,58 million de tonnes équivalent CO2, une réduction significative en comparaison aux 3,5 millions de tonnes des JOP de Londres et de Rio. « Nous travaillons à chaque étape de l’organisation pour estimer et réduire leur impact »⁵ déclare la directrice excellence environnementale des Jeux de Paris. Pour les émissions qui ne peuvent être réduites, les JOP appliqueront également un système de compensation. « Une option acceptable »⁶, considère Madeleine Orr, professeure à l’université britannique de Loughborough et experte en écologie du sport.

Les organisateurs des Jeux vont plus loin en s’affichant comme les premiers Jeux ayant un impact positif sur le climat. Faux, rétorque Lindsay Otis Nilles, de Carbon Market Watch : « Dire qu’un événement a un impact positif sur le climat est trompeur. L’événement en lui-même génère des gaz à effet de serre qui sont mauvais pour le climat. Le soutien financier des organisateurs à des projets extérieurs n’y change rien ».⁷


Les Jeux Olympiques 2024 accélérateurs d’innovations vertes

Les grands événements sportifs ont, de tout temps, permis à des entreprises innovantes de rayonner à travers le monde. Aujourd’hui encore, alors que la France sera à l’honneur, plusieurs PME françaises comptent transformer l’essai et profiter de ces deux occasions extraordinaires pour valoriser leur travail en faveur de la transition écologique. NepTech, start-up d’Aix en Provence, a ainsi remporté l'appel à innovations Mobilités JOP 2024. L’objectif ? Transporter des passagers sur la Seine et à Marseille lors de l’événement avec des bateaux à hydrogène et à batterie électrique. La start-up a récemment levé 1,2 million d’euros. De quoi encourager son ambition à devenir un acteur incontournable de la décarbonation maritime et fluviale.


Ces échéances sportives approchent à grands pas et marquent une nouvelle volonté d’intégrer la dimension environnementale « by design » dans ces supra événements. La voie est désormais tracée et devra se poursuivre et s’adapter à chaque nouvelle édition pour figurer parmi l’héritage de ces grands évènements. Au-delà de ces engagements environnementaux, les comités ont également de fortes ambitions concernant le développement d'un numérique responsable mais se veulent aussi être des exemples en termes d'inclusion et de diversité.

Rendez-vous en novembre pour le prochain opus.




¹ https://madeinmarseille.net/125471-jeux-olympiques-2024-levier-accelerer-transition-ecologique/

² https://www.leparisien.fr/sports/JO/paris-2024/jo-de-paris-2024-le-comite-dorganisation-souhaite-se-passer-des-groupes-electrogenes-trop-polluants-06-042022-QR45HXCCTJBM7BUFVPTILDV7IE.php

³ Une Coupe du monde de rugby à impact positif, France 2023

⁴ https://www.lefigaro.fr/sports/rugby/france-2023-s-engage-sur-les-questions-societales-et-environnementales-20211207

⁵ https://www.lagazettedescommunes.com/829816/%E2%80%89a-chaque-etape-de-lorganisation-des-jo-nous-travaillons-a-reduire-notre-empreinte-carbone%E2%80%89/

⁶ https://www.sudouest.fr/sport/jo-2024-a-paris-une-contribution-positive-pour-le-climat-une-promesse-a-prendre-avec-des-pincettes-14387911.php

Ibid

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