« Le pire reste à venir et pour beaucoup de gens, 2023 sera vécue comme une récession. » déclarait en octobre 2022 Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du Fonds monétaire international.[1] Alors que la fin de l’année approche et malgré ce contexte peu réjouissant, de nombreuses initiatives, porteuses d’espoir essaiment dans le monde entier pour tenter d’apporter un nouveau souffle à l’Humanité…
Par Camille Leveillé
Femmes sur le chemin de l’emploi
L’égalité femmes/hommes, l’un des combats du siècle, reste en 2023, une fiction. Dans le monde du travail, les femmes sont moins nombreuses à occuper des postes de direction, perçoivent des rémunérations inférieures et subissent plus de discriminations que les hommes. Pour un dollar gagné par un homme, une femme gagnera, elle, 33 centimes dans les pays à faible revenu. Dans les pays à revenu plus élevé, le ratio est de 1 dollar pour les hommes contre 58 centimes pour une femme.[2] Aujourd’hui, des organisations internationales s’engagent pour lutter contre ces inégalités de fait, favoriser l’emploi des profils féminins et leur permettre d’accéder à l'entreprenariat. En 2021, l’initiative "Génération égalité" de l'ONU Femmes, en partenariat avec le gouvernement kazakh, la Chambre nationale des entrepreneurs et d’autres organisations internationales, a permis l’ouverture de 17 centres de développement de l'entrepreneuriat féminin à travers tout le pays. Les centres proposent « un accès à l'information, au financement et aux réseaux professionnels, et dotent les femmes des outils et des connaissances nécessaires pour numériser leurs entreprises et les établir sur des plateformes de commerce électronique ».[3] Plus de 9 000 femmes ont pris part à ce programme. Perizat Inkarbayeva a été formée à l'entrepreneuriat social puis, avant de fonder Dignatera, un centre d’enseignement lié à la neurotechnologie et à la robotique qui accueille aujourd’hui plus de 150 étudiants. « Notre centre fonctionne depuis deux ans maintenant, et depuis, nous avons préparé de nombreux lauréats de concours nationaux et internationaux et créé de nouveaux postes de travail pour les enseignants. Nous sommes fiers de contribuer au développement de la ville, en tant que centre national d'innovation du Kazakhstan. »[4] déclare la cheffe d’entreprise. L’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture quant à elle dispense des formations pour permettre aux Cambodgiennes d’acquérir des compétences mais aussi de gagner en confiance. « Grâce aux connaissances acquises lors de la formation, ma conscience s’est éveillée. Avant, je ne réalisais pas les risques qui pesaient sur mon exploitation, je ne savais pas comment accroître les bénéfices, établir un meilleur plan, ni comment cerner les besoins du marché » témoigne Hos Salop, une bénéficiaire du programme, et d’ajouter : « Les femmes sont davantage en mesure de discuter et de débattre avec leurs époux, ce qui renforce la compréhension mutuelle et suscite une plus grande volonté de partager les tâches. Il est certain que cette démarche a contribué à réduire les tensions et la violence au sein des ménages, tout en permettant aux personnes d’apprendre à gérer leur exploitation agricole pour la rendre plus rentable ».[5] En France, l’association Force Femmes a pour objectif d’accompagner et de soutenir les femmes de plus de 45 ans sans emploi dans leurs démarches de retour à l’emploi et de création d’entreprise. Le programme de formation s’articule autour de quatre modules : construction d’un projet professionnel, création de CV et expression de sa motivation, efficacité dans sa présentation orale et gain en visibilité au travers de LinkedIn notamment. Accompagnant 2000 femmes chaque année, Force Femmes est aujourd’hui présente dans 7 villes.
Ecologie et solidarité dans les quartiers prioritaires
Partout en France, des projets de solidarité inspirants, engageants et respectueux de l'environnement voient le jour. A Nantes, des coopératives d’achats en faveur d’une alimentation de qualité dans les quartiers prioritaires émergent. L’idée ? Acheter en grande quantité des aliments bio en circuit court, les coûts diminuent et la nourriture est de meilleure qualité. Une initiative qui séduit, alors que, pour les populations de ces quartiers la peine est souvent double : faute de moyens financiers, ils n'ont pas accès à des produits de qualité. Grâce à l’aide de la collectivité nantaise et à ses financements, l’adhésion à l’association ne coûte qu’un euro et les produits sont achetés à prix coûtant. Une autre initiative menée dans le quartier des Noirettes, à Vaulx-en-Velin, permet d’allier écologie et solidarité. L’ouverture de la Maison pour Agir constitue une petite révolution pour les habitants de ce quartier. Aujourd’hui, plus de cent habitants s'engagent régulièrement au sein du centre, proposant des activités allant de l’atelier de couture zéro déchet à des permanences d’écrivain public en passant par des ateliers de cuisine petit budget et zéro gaspi. Plus au sud, en 2022 un défi culturel a été lancé aux habitants des quartiers prioritaires de la ville d’Uzès. L’ambition : la promotion d’un lieu de vie dans la ville et d’expression des habitants des quartiers d'illustrer le quotidien et leurs vécus au travers la photographie. « On se fait des idées sur les quartiers prioritaires mais il y a toujours beaucoup plus d’amour que de haine, beaucoup plus de bon que de mauvais. »[6] témoignait Florent Gardin, photographe et animateur du défi photo. Après plusieurs photos exposées dans plusieurs lieux culturels de la ville, en juillet 2022, le projet a voyagé jusqu’au festival de la photo d’Arles.
La protection des réfugiés LGBTQIA+
A travers le monde, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles ou encore transgenres sont régulièrement discriminées, persécutées, sanctionnées voire exécutées. En 2022, l’homosexualité restait criminalisée dans 70 Etats dont 11 appliquant la peine de mort. Dans ce contexte, de nombreuses personnes LGBTQIA+ prennent la décision de fuir, espérant une vie meilleure. Ainsi, des pays occidentaux ont ouvert des centres d’accueil pour les demandeurs d’asile LGBTQIA+ afin d’éviter les agressions dont ils étaient régulièrement la cible dans des centres d’accueil dits classiques. « Au-delà des législations, on sait aussi que la réalité sur le terrain est très compliquée pour les personnes LGBT même dans les pays qui ont un cadre légal progressiste. La Belgique doit jouer un rôle face aux pays où les droits humains ne sont pas respectés » témoignait la secrétaire d’Etat belge Sarah Schlitz à l'Egalité des chances.[7] Dans la région bruxelloise, un premier centre d'accueil disposant de 14 places réparties en deux lieux tenus secrets, a été inauguré. Autre capitale européenne à s’engager : Paris. Un centre inter associatif dans le quartier du Marais a vu le jour en mai dernier. Destinée à l’entraide et au soutien des personnes LGBTQIA+ victimes de violences, “la Bulle” est gérée par 7 associations regroupées autour de l’Ardhis. Cette dernière propose aux bénéficiaires un accompagnement personnalisé articulé autour de l’aide dans l’obtention d’un titre de séjour et de l’insertion dans la société au travers d’activités variées (football, cours de français, promenades, pique-niques et visites de musées).
Retour à l’emploi : des associations au premier plan
Une fois éloignées de l’emploi, les personnes en situation de chômage connaissent souvent des difficultés pour remettre le pied à l’étrier. Plusieurs associations luttent contre ce phénomène. Renaissance propose à des personnes éloignées de l’emploi une formation de 10 mois destinée à leur apprendre la couture dite zéro-déchet. Les maisons de couture et de luxe donnent des vêtements qui sont ensuite déconstruits pour en recréer de nouveaux. Une aubaine pour ce secteur en tension, puisqu’à l’issue de la formation, les 15 élèves formés chaque année, trouvent un emploi ou créent leur entreprise. L’upcycling permet notamment la création d’un cercle vertueux à la fois au niveau environnemental mais aussi social. De son côté, la Cravate solidaire s’attaque à un autre défi : elle propose à des personnes en précarité et éloignées de l’emploi des tenues professionnelles pour passer des entretiens d’embauche. Redonner confiance au candidat en passant par un coaching en image et en relations humaines mais aussi en préparant les photos des CV des bénéficiaires fait également partie de l’offre de l’association. A l’international, les conflits armés entraînent également un éloignement de l’emploi souvent liés à la fuite des zones de guerre. Après l’invasion russe en Ukraine, 7 millions d’Ukraniens ont fui leur pays. La grande majorité d’entre eux, en âge de travailler, est pour autant éloignée de l’emploi. Au travers du projet FAB (Fast track action boost), la Commission européenne et le programme pour l'emploi et l'innovation sociale (EaSI) ont financé des parcours d’intégration rapide sur le marché du travail pour les réfugiés et leurs familles. La Commission encourage les Etats membres à apporter un soutien aux employeurs qui embauchent des personnes en fuite, à offrir rapidement des possibilités de requalification des compétences ou encore de proposer la possibilité aux adultes fuyant la guerre d’accéder à un enseignement général via les écoles de la seconde chance.
[1]https://investir.lesechos.fr/marches-indices/economie-politique/le-fmi-plus-pessimiste-pour-2023-face-a-des-chocs-multiples-1869175
[2]https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-mon-boulot/dans-le-monde-les-femmes-ont-beaucoup-plus-difficilement-acces-a-l-emploi-que-les-hommes_5672078.html
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