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Renouer le dialogue, restaurer la confiance : la jeunesse et la police se (re)trouvent

Depuis plus de vingt ans, la méfiance entre police et population ne cesse de grandir, particulièrement chez les plus jeunes. Pourtant, sur le terrain, des initiatives comme celle de l’association Graines de France montrent qu’un autre chemin est possible : celui du dialogue, de l’écoute et de la co-construction. À travers des rencontres et des stages, policiers et citoyens apprennent à mieux se comprendre.


©Lukas S -Unsplash
©Lukas S -Unsplash

Des incompréhensions


Depuis plus de 20 ans, un fossé se creuse entre la police et la population. La confiance s’est progressivement effritée. La France est même le pays d’Europe de l’Ouest où la proportion de la population qui pense que les abus de pouvoir des forces de sécurité est la plus répandue.¹ Les 18-24 ans figurent parmi les plus méfiants vis-à-vis des forces de l’ordre. Entre 2020 et 2021, leur taux de confiance envers la police est tombé de 62 à 52 %. De leur côté, les forces de police ont également un rapport particulier avec la population. L’étude “Déontologie et relations police-population : les attitudes des gendarmes et des policiers” de 2024, soutenue par le Défenseur des droits et le Centre de recherche de l’École des officiers de la gendarmerie nationale résume : « Exprimant une confiance assez faible dans le public, [policiers et gendarmes] manifestent une conception principalement répressive du métier et des conceptions variables quant à l’utilité de l’écoute et de la redevabilité. […] Enfin, les attitudes révèlent un rapport au droit ambivalent et un rapport à la force contrasté. » Seuls 24 % des policiers et 34 % des gendarmes estiment pouvoir « globalement faire confiance aux citoyens ». Par ailleurs, si les forces de l’ordre sont très majoritairement favorables aux échanges avec la population (85,8%), en revanche moins de la moitié (47,3%) souhaite expliquer ou justifier ses actions devant elle.³ « Il nous semblait qu'un fossé se creusait de plus en plus entre la police et la population, notamment dans certains territoires que sont les quartiers de reconquête républicaine, et que, au-delà de l'incantation et la dénonciation, il fallait mettre en place des actions qui puissent, à leur humble niveau, essayer d'apporter une solution », explique Reda Didi, co-fondateur de l’association Graines de France qui vise justement à restaurer le lien et la confiance entre la police et les citoyens.


Rapprocher la police et la population 


Depuis 2009, l’association Graines de France agit sur le terrain avec un double objectif :  aider la police à mieux faire comprendre ses missions, et les jeunes à mieux saisir leur rôle de citoyens. Des stages et des rencontres sont alors organisés sur tout le territoire national. Lors de ces moments privilégiés, certains jeunes partagent leurs expériences avec la police, quand d'autres participent à des ateliers d’écriture durant lesquels ils imaginent un monde où la police n’existerait plus. Des stages bénéfiques pour tous tant ils permettent de se parler franchement. Certains, à l'instar de Maïa, 12 ans, ont déjà des idées bien arrêtées sur la police. « Ils sont trop violents quand ils font leur travail. Quand ils contrôlent les grands de chez nous, ils sont méchants. » partage-t-elle et de poursuivre sur le rôle que devraient endosser, selon elle, les forces de l’ordre : « [Ils doivent] nous faire sentir en sécurité, mais ils font l'inverse. On doit se défendre d'eux au lieu que ce soit eux qui nous défendent. » Un autre jeune demande : « "Pourquoi il y a des bavures policières ?” “ Parce que le policier, il est humain. Donc l'humain, par nature, il fait des erreurs. Sauf qu'il faut le savoir, le policier qui fait des erreurs a la double, même la triple sanction”. » lui répond la policière présente ce jour-là. Tout l’objectif est de renouer le dialogue pour éviter la propagation d’idées reçues. « L'idée n'est pas de leur apporter la bonne parole, c'est de leur permettre de repartir chez eux avec plus de questionnement que de réponses en se disant, s'ils ont à faire à des discours un peu caricaturaux ou essentialistes disant 'Tous les policiers sont' et bien, ne pas rentrer dans cette type de logique en disant 'Non, moi j'en ai rencontré qui n'étaient pas du tout sur ce mode là.’ » fait remarquer Réda Didi. « Avec la disparition de la police de proximité, on a perdu un petit peu ces repères, ces échanges qu'on pouvait avoir. Je crois qu'il faut repasser par des actions de ce type. Il ne faut pas hésiter à les mettre en place. On peut désamorcer beaucoup de situations, tout simplement avec de l'échange constructif » analyse Jérôme Jimenez, délégué UNSA Police Île-de-France. 


Se baser sur l’expérience JOP ? 


Sur le long terme il serait même possible de renforcer ce lien entre la population et les forces de sécurité. Le pays en a été le théâtre lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ils ont « été une démonstration éclatante de la capacité de la France à garantir la sécurité lors d’un événement de portée mondiale. Cet exploit n’est pas seulement technique, mais avant tout politique, illustrant que la sécurité publique relève essentiellement d’une volonté collective. Un aspect souvent sous-estimé de cette réussite réside dans la gestion de la sécurité dans les quartiers populaires, où, loin des clichés, les demandes de protection sont particulièrement fortes » partage Réda Didi et de conclure : « La véritable force de cette stratégie réside dans son inclusivité, particulièrement dans les quartiers populaires. Ces territoires, souvent stigmatisés comme des zones à risques, ont été intégrés dans le dispositif sécuritaire avec une attention particulière. Les autorités ont compris que la sécurité ne pouvait être imposée de l’extérieur, mais devait être co-construite avec les habitants, répondant ainsi à leur demande légitime de sécurité sans sacrifier leurs droits. Plutôt que de renforcer une présence policière perçue comme oppressive, les autorités ont opté pour une approche plus respectueuse et inclusive. Des efforts ont été faits pour instaurer un dialogue avec les associations locales, identifier leurs besoins spécifiques et y répondre de manière adaptée. Cette écoute a permis de renforcer la confiance entre les habitants et les forces de l’ordre, montrant ainsi que la sécurité est un droit partagé par tous. » 


³Ibid

⁵Ibid

 
 

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