Sauver des vies par SMS : l’innovation M-mama contre la mortalité maternelle en Tanzanie

Dans les zones rurales de Tanzanie, accoucher peut encore être une question de vie ou de mort. Grâce à une idée simple et un système mobile intelligent, le programme M-mama a permis de sauver des milliers de femmes en quelques années. Une révolution silencieuse, portée par la technologie et l’entraide locale.

En Tanzanie, une femme meurt toutes les heures de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Dans les régions rurales, souvent éloignées des hôpitaux et mal desservies par les routes, le délai pour accéder à des soins d’urgence peut s’avérer fatal.

Le programme M-mama, lancé en 2015 dans la région de Shinyanga par la Fondation Vodafone, en partenariat avec le ministère de la Santé tanzanien et la Touch Foundation, a voulu changer cette réalité. Avec un pari simple : s’appuyer sur les téléphones portables et les ressources communautaires pour créer un système de transport d’urgence fiable, rapide et gratuit.

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Un système d’alerte par téléphone, des chauffeurs locaux mobilisés

Lorsqu’une femme enceinte présente des signes de complication, un travailleur de santé communautaire ou un proche envoie un SMS ou appelle une ligne d’urgence gratuite. L’appel est traité par un centre de répartition numérique, alimenté par un algorithme qui détermine le niveau de gravité de la situation.

Si un transport médical est nécessaire, le système localise le chauffeur communautaire le plus proche — un taxi-moto, un conducteur de minibus ou un voisin formé — et l’envoie chercher la patiente pour l’emmener vers la structure de santé la plus adaptée. Le tout est pris en charge financièrement par le programme, via un système de paiements mobiles.

Des résultats significatifs

Dans la région pilote de Shinyanga, le programme a permis de réduire de plus de 38 % la mortalité maternelle en cinq ans. Plus de 15 000 femmes ont été transportées en urgence entre 2015 et 2020 grâce à M-mama. Fort de ce succès, le gouvernement tanzanien a décidé en 2021 d’étendre le programme à l’ensemble du pays, avec un déploiement progressif soutenu par des financements publics et internationaux. L’objectif est clair : zéro décès évitable lié à la grossesse d’ici 2030.

Un modèle duplicable en faveur des ODD

La simplicité du dispositif, sa faible dépendance aux infrastructures lourdes et l’intégration des communautés locales en font un modèle duplicable. Le Lesotho a été le premier pays à adopter M-mama après la Tanzanie en janvier dernier. D’autres nations africaines, comme le Ghana, le Malawi ou le Kenya, envisagent de s’en inspirer.

Le programme contribue directement à l’ODD 3 : Permettre à tous de vivre en bonne santé, et particulièrement à la cible 3.1 qui vise à réduire le taux de mortalité maternelle mondiale à moins de 70 pour 100 000 naissances vivantes. En redonnant un pouvoir d’agir aux femmes des zones rurales et marginalisées, il permet aussi de répondre aux enjeux d’égalité entre les sexes (ODD 5) et à réduire les inégalités (ODD 10).

Quand la technologie se met au service de la vie

Dans un monde saturé d’innovations technologiques complexes, M-mama rappelle une vérité essentielle : une technologie peut être puissante précisément parce qu’elle est simple, utile et ancrée dans la réalité sociale.

À travers ce programme, ce sont non seulement des vies qui sont sauvées, mais des communautés entières qui se mobilisent autour d’un bien commun fondamental : le droit de donner la vie sans risquer la mort.