Violences conjugales : des associations en première ligne pour protéger et reconstruire
- camilleleveille8
- 10 sept.
- 3 min de lecture
Face à l’ampleur des violences conjugales en France, des initiatives émergent sur tout le territoire pour offrir écoute et protection. Que ce soit en Guadeloupe ou en métropole, des lieux de refuge et de reconstruction se multiplient, portés par des associations engagées, des professionnels mobilisés et des survivantes devenues piliers de résilience.

Des chiffres toujours aussi alarmants
En 2023, 93 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. 319 autres ont été victimes d’une tentative de féminicide. 773 se sont suicidées ou ont tenté de le faire suite au harcèlement d’un conjoint ou ex-conjoint. Pas moins de 373 000 femmes majeures ont également subi des violences - physiques, sexuelles et/ou psychologiques ou verbales - par un conjoint ou ex-conjoint. Également victimes, les enfants ne sont pas épargnés par les violences conjugales. Quelque 6500 d’entre eux ont été identifiés par le 119, le numéro national de l’enfance en danger.¹
Ka nou ka Fè : au coeur du village des associations en Guadeloupe
13 novembre 2024, place de la Victoire, Pointe à Pitre : Ka nou ka fè, un village d’associations qui met en avant les différentes actions de lutte contre les violences faites aux femmes. Alors que l’archipel connaît l’un des taux de violences conjugales le plus élevé de France - 12 femmes pour 1000 habitants - le conseil départemental a décidé de réunir associations et élus pour créer un espace d’information, d’écoute et d’engagements pour les victimes de violences conjugales. Quelques mois plus tard, à la date symbolique du 8 mars, la Maison des Femmes de Guadeloupe est inaugurée. Cet espace vise à offrir un accueil bienveillant et sécurisé pour les femmes victimes mais aussi une prise en charge complète allant de l’accompagnement psychologique en passant par les demandes et les dispositifs de protection. Il s’agit du fruit d’un travail de coordination important entre le personnel de santé, les services de l’Etat (police, justice, établissement de santé) et les différentes associations locales de lutte contre les violences faites aux femmes (Forces, Guadav, Initiatives France Victimes, Centre d’Information des Droits des Femmes et des Familles CIDFF, Solidarité Femmes de Guadeloupe, etc.)
Créer un espace de confiance
En métropole, les associations essaiment sur tout le territoire, offrant des espaces sécurisés et de confiance aux femmes victimes de violences conjugales. Depuis 2014, l’association Mon Ame Soeur présente dans le Val d’Oise s’appuie notamment sur d’anciennes femmes victimes qui ont pu se reconstruire et partagent depuis leur expérience. “Pour lui j’aurais décroché la lune quitte à en perdre les miens, je l’aurais mis au sommet quitte à en perdre ma vie… Tout commence comme dans un rêve… Puis il y a la dernière chance laissée... Celle de trop... Voir et revoir son regard noir de haine, les coups... J'ai alors compris que seule je ne m'en sortirais pas... Pour mon enfant, j'ai appelé au secours.” témoigne Anaïs, 21 ans, accompagnée par l’association.² Salariés et bénévoles se relaient en continu pour guider, conseiller, écouter et aider les femmes en détresse, le tout dans plusieurs langues (arabe, anglais, espagnol, urdu...). Des professionnels bénévoles – médecins, avocats, psychologues – apportent un soutien individualisé à chaque femme. Un accompagnement juridique et psychologique est prévu et, si besoin, plusieurs aides sont également à disposition des femmes : ouverture d’un compte bancaire, financement de nuitées ou encore fourniture de kits d’hygiène. A plusieurs centaines de kilomètres, à Brives, la Maison de Soie est née de plusieurs constats. Non seulement les professionnels des violences intrafamiliales et sexuelles méconnaissent les violences liés à la migration par manque de formation, le parcours pour les victimes est complexes car elles doivent répéter plusieurs fois leur histoire et se rendre dans différents lieux pour bénéficier d’un accompagnement complet et les différents intervenants ne communiquent pas forcément entre eux. Un véritable parcours du combattant, entre complexité des démarches et multiplicité des interlocuteurs... Ainsi, la Maison de Soie propose un espace de rencontres médico-psycho-juridico-sociales et associatives pour prendre en charge les victimes de violence adultes Femmes et Hommes mais aussi des ateliers de résilience, un parcours spécifique pour les enfants victimes ou encore un parcours d’aide pour les auteurs et autrices de violences, eux même souvent victimes de violences dans leur passé. L’association SOLFA dispose de cinq lieux d’accueil de jour répartis dans le Nord de la France. Olympe, le dernier en date, a été inauguré à Armentières et se veut un refuge, une promesse de soutien et de reconstruction pour celles et ceux qui en ont le plus besoin. L’association assure également une permanence téléphonique et peut proposer de financer des nuitées d’hôtel. En 2024, l’association a reçu plus de 11 000 appels, près de 10 000 passages ont été recensés et 983 nuitées ont été financées.
Ces initiatives, portées par des acteurs de terrain engagés, rappellent qu’un accompagnement humain, coordonné, accessible et bienveillant reste essentiel pour protéger, reconstruire et prévenir.




