Inclusion et sensibilisation dès le plus jeune âge : le pari du sport avec « Toi + Moi, Sport »
- camilleleveille8
- il y a 24 heures
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Briser les préjugés sur le handicap, ça commence tôt. Et si le vivre-ensemble s’apprenait dès le plus jeune âge ? C’est le pari de “Toi + Moi, Sport”, un dispositif qui, grâce à l’activité physique, fait tomber les barrières entre élèves valides et enfants en situation de handicap mental. Entre sensibilisation et inclusion, l’objectif est de changer les regards grâce à la puissance du collectif.

L’importance de la sensibilisation au handicap dès le plus jeune âge
La sensibilisation des enfants à tout type de handicap doit pouvoir commencer le plus tôt possible. « C’est en maternelle qu’il faut commencer. En élémentaire, on sent déjà un frein sociétal. » soutient Cécile Nicolas, professeure des écoles rennaise à la maternelle qui organise avec ses élèves des rencontres avec le Pôle Saint-Hélier, un centre de réadaptation.¹ « Les enfants ont des questions très simples et directes : comment tu fais pour faire pipi ? Pourquoi ta jambe ne marche pas ? Nous n’avons jamais eu de retours négatifs » poursuit-elle. « On met des mots et des explications sur des choses dont on ne leur a jamais parlé, donc c’est simple finalement », évoque quant à lui le directeur médical du Pôle Saint-Hélier. En comprenant les différentes réalités des handicaps, les enfants développent empathie et compréhension ce qui réduit de facto les préjugés et discriminations. L’éducation au handicap permet de fait le développement d’un véritable “vivre-ensemble”.
Sensibiliser par le sport
C’est dans ce cadre que s’inscrit, depuis 14 ans, le dispositif « Toi + moi, Sport. » Facilitant la rencontre et les interactions entre des élèves d’écoles primaires et des jeunes en situation de handicap mental accompagnés dans des instituts médico-éducatifs (IME) et porté par le Comité départemental du sport adapté des Alpes-Maritimes (CDSA-06), le projet s’appuie sur les vertus du sport pour créer du lien et sensibiliser les enfants valides à la question du handicap. Tous les mois, des séances d’activités physiques adaptées sont organisées dans plusieurs écoles du département. Ils sont environ 35 enfants par an, répartis entre le CE2 et le CM2 à bénéficier de ce dispositif engageant.
L’un des principaux objectifs est évidemment de déconstruire les stéréotypes. Pour ce faire, la première étape du projet consiste en une intervention d’environ 1h du CDSA-06 dans les classes. En présence d’un éducateur IME, les enfants répondent à un questionnaire « qui nous permet souvent de constater qu’il existe de nombreuses appréhensions par rapport au handicap. Ce temps de sensibilisation est donc essentiel pour rassurer, apporter des réponses et déconstruire les craintes ou préjugés liés au handicap. » relate Faustine Spigolis, agent de développement au CDSA-06.² Outre la déconstruction des préjugés, le dispositif permet de favoriser l’inclusion des jeunes en situation de handicap grâce à une pratique sportive collective. « Au fur et à mesure des séances, les perceptions changent très rapidement. Les élèves valides n’ont plus aucune appréhension et font même preuve d’un profond enthousiasme à l’idée de retrouver leurs camarades des IME, qui, eux, attendent avec impatience ce rendez-vous mensuel dans les écoles » développe Faustine Spigolis. A la fin de chaque année, une journée entière est organisée avec tous les enfants. Au programme : « sarbathlon » (biathlon mêlant course à pied et tir à la sarbacane), match de foot 3 contre 3 de nuit avec utilisation de matériel fluorescent, basket-ball, boxe…
Depuis quelques années, « Toi + Moi, Sport » s’attache également à leur transmettre des connaissances sur les questions liées à la transition écologique.
Développement du projet dans les collèges
Le succès de « Toi + Moi, Sport » dans les classes de primaire a poussé le CDSA-06 a élargir l’expérience au collège. Mené en collaboration avec le Collège Fondation Don Bosco de Nice, le projet a réuni, en 2024, 30 élèves de 5e et 6 jeunes en situation de handicap mental. Même principe qu’avec les écoles primaires : les séquences débutent par deux séances de questionnaires suivies de six séances autour du handball et de l’expression corporelle. « Le projet a permis aux élèves de mieux comprendre la réalité du handicap tout en favorisant la cohésion sociale. Les échanges entre jeunes valides et en situation de handicap ont été enrichissants et ont contribué à sensibiliser à l’importance du vivre-ensemble. Le programme a été bien accueilli par les participants, tant du côté des collégiens que des jeunes du CAJ, et a rempli ses objectifs d’inclusion et de sensibilisation. Fort du succès de cette première édition, nous envisageons d’étendre cette initiative dans d’autres établissements scolaires. L’objectif est d’intégrer ces rencontres dans le cadre des cours d'Éducation Physique et Sportive (EPS) avec une fréquence d’une à deux séances par mois sur huit mois. Ce projet permettra de sensibiliser davantage d’élèves aux valeurs d’inclusion et de respect des différences, tout en restant en phase avec les programmes scolaires » conclut le rapport d'activité 2024 du CDSA-06.³ Un nouveau dispositif que le CDSA-06 souhaiterait voir se développer en 2025…
Des initiatives basées sur le même principe essaiment aux quatre coins de l’Hexagone. A Salon de Provence, les Mercredis de l’inclusion permettent à des enfants porteurs de handicap et des enfants valides de pratiquer des sports différents chaque semaine de l’année scolaire. Même principe dans les Vosges grâce à l’association Jeunesse handi ballon chavelotaise qui, depuis 5 ans, s’attache à favoriser l’inclusion par le sport. De belles initiatives qui permettent à chacun d’en apprendre un peu plus sur l’autre et participent à l’émergence d’un véritable vivre ensemble.
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