top of page
impact-media.jpg

L’Union européenne mise sur l’inclusion pour combler ses pénuries de main-d’œuvre

Face au vieillissement de sa population et aux tensions croissantes sur le marché du travail, l’Union européenne cherche à mobiliser un vivier encore sous-exploité : femmes, seniors, migrants et personnes en situation de handicap. Un défi économique autant que social.


ree

La nouvelle plaidoirie de Bruxelles


L’Union européenne se prépare à un choc démographique d’ampleur. Selon les projections, la population active des 27 pourrait se réduire de 18 millions de personnes d’ici à 2050. Un chiffre alarmant alors même que de nombreux secteurs, de l’industrie aux services, peinent déjà à recruter. Pour éviter un déficit de compétences et préserver sa compétitivité, Bruxelles plaide pour une intégration plus forte des groupes encore largement sous-représentés sur le marché du travail.

C’est l’un des messages phares du rapport 2025 sur l’évolution de l’emploi et de la situation sociale en Europe (ESDE), présenté ce mois-ci par la Commission européenne. Le document rappelle qu’un cinquième de la population en âge de travailler – environ 51 millions de personnes – reste aujourd’hui en dehors du marché du travail. Dans cette masse, les femmes, les seniors âgés de 55 à 64 ans, les migrants et les personnes en situation de handicap représentent la grande majorité.


Un réservoir de talents encore inemployés


L’enjeu est double : pallier les pénuries actuelles de main-d’œuvre et anticiper le recul démographique à venir. « Le rapport ESDE 2025 montre que le marché du travail de l’UE reste remarquablement solide, avec une hausse de l’emploi, notamment grâce à une participation accrue des femmes, des personnes âgées et des migrants », a souligné Roxana Mînzatu, vice-présidente exécutive chargée des droits sociaux et des compétences. « C’est encourageant, mais nous devons faire davantage pour que chacun puisse mettre à profit ses compétences et ses talents. »


Le potentiel est considérable. Si l’UE parvient à lever les obstacles qui freinent encore l’emploi des populations sous-représentées, elle pourrait non seulement atténuer les tensions de recrutement, mais aussi atteindre son objectif de 78 % de taux d’emploi d’ici à 2030. L’intégration de ces publics fragilisés contribuerait également à renforcer la cohésion sociale et à réduire la pauvreté, autre objectif affiché par l’Union pour la fin de la décennie.


Des progrès, mais un chemin encore long


Les chiffres montrent une tendance encourageante. En 2024, l’UE a créé 1,8 million d’emplois supplémentaires par rapport à l’année précédente, portant le taux d’emploi global à 75,8 %. Dans le même temps, le chômage est tombé à 5,9 %, son niveau le plus bas jamais enregistré. Ces résultats doivent beaucoup à la hausse de la participation féminine et à l’allongement des carrières. Mais malgré ces avancées, l’écart reste significatif : les femmes restent plus souvent à temps partiel, les seniors peinent à se maintenir en emploi, et le taux de chômage des personnes handicapées ou issues de l’immigration demeure bien supérieur à la moyenne.

Et les obstacles sont multiples. Pour les femmes, il s’agit encore largement d’une question de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, liée à l’accès aux services de garde et à la persistance d’inégalités salariales. Pour les seniors, la difficulté est souvent d’adapter les postes de travail et de maintenir la formation tout au long de la vie. Quant aux migrants, leurs compétences sont encore trop rarement reconnues ou valorisées. Les personnes handicapées, enfin, restent confrontées à un manque d’accessibilité et à des discriminations persistantes.


Lever les freins et changer les mentalités


La Commission européenne insiste sur la nécessité de « supprimer les obstacles, lutter contre les stéréotypes et faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes ». Des mesures ciblées sont en cours ou à l’étude : élargissement des programmes de formation et de reconversion professionnelle, dispositifs de validation des compétences acquises à l’étranger, incitations fiscales pour l’emploi des seniors, politiques actives en faveur de l’emploi des personnes handicapées.

Mais au-delà des instruments économiques, le défi est aussi culturel. « L’inclusion ne se décrète pas, elle se construit », rappelle un haut fonctionnaire européen. Changer le regard des employeurs et de la société sur la valeur ajoutée de ces publics est essentiel pour leur permettre de trouver leur place. Les campagnes de sensibilisation, la promotion de la diversité en entreprise et le partage de bonnes pratiques à l’échelle européenne figurent ainsi parmi les leviers privilégiés.


Un enjeu stratégique pour l’Europe


Le défi dépasse la seule dimension sociale. En réalité, l’intégration des groupes sous-représentés est aussi un impératif économique et stratégique. L’Europe, confrontée à une compétition mondiale accrue et à des transitions majeures – numérique, écologique, industrielle –, ne peut se permettre de gaspiller ses ressources humaines. Chaque talent compte, et la capacité à mobiliser l’ensemble des compétences disponibles conditionnera la résilience et la compétitivité du continent.

L’équation est claire : moins d’actifs, c’est moins de croissance potentielle, moins de recettes fiscales et plus de pression sur les systèmes de protection sociale. À l’inverse, une participation accrue de tous peut générer un cercle vertueux : plus d’emplois, plus de revenus, plus de cotisations et une meilleure cohésion sociale.


Une Europe plus inclusive à l’horizon 2030 ?


La trajectoire est tracée : atteindre 78 % de taux d’emploi et réduire significativement la pauvreté d’ici à 2030. Mais le succès dépendra de la capacité des États membres à mettre en œuvre des réformes adaptées à leurs contextes nationaux, et à mobiliser à la fois le secteur public et les entreprises privées. La Commission entend jouer un rôle d’impulsion et de coordination, mais la concrétisation se jouera sur le terrain. « En supprimant les obstacles et en valorisant les compétences de chacun, nous pouvons non seulement répondre aux pénuries de main-d’œuvre, mais aussi bâtir une société plus juste et plus inclusive », insiste Roxana Mînzatu. Reste à savoir si les États, confrontés à des pressions budgétaires et politiques, sauront transformer l’ambition en résultats tangibles.

Pour l’UE, le temps presse. Dans un continent vieillissant, l’inclusion n’est plus seulement une question de justice sociale. C’est une condition de survie économique.

 
 

Une production ESPRIT COM'

IMPACT FOR THE FUTURE EST UN MEDIA DE SOLUTIONS

Un MÉDIA de solutions, engagé, éthique et constructif, associant un magazine et des évènements, qui ambitionne de nourrir un nouvel élan afin de réunir et fédérer tous les acteurs de la société pour façonner collectivement un monde plus durable, plus inclusif et plus sûr.

Sa vocation : recréer une vision du futur, du commun, une raison d’être, redonner du sens et réinventer les imaginaires collectivement. 

Son ambition : mettre en lumière les enjeux, les engagements et les démarches pour repenser le monde de demain et donner du sens à l’action. Illustrer enfin les actions responsables porteuses en matière économique, environnementale, sociale et sociétale portées par des hommes et des femmes engagés, courageux, visionnaires et humbles. 

 

Il est une production de l’agence ESPRIT COM - 10 avenue Kléber - Paris 16 - ©2022 - 2024

© 2022 - ESPRIT COM' - Mentions légales et RGPD

  • LinkedIn
bottom of page