A l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, une partie de la délégation française qui devrait compter entre 300 et 400 sportifs fait face à un défi de taille : subvenir à ses besoins. Si certains athlètes pratiquent des sports très médiatisés comme le football ou le rugby, d’autres doivent allier préparation des Jeux et job alimentaires pour espérer atteindre leur rêve olympique…
Par Camille Léveillé
© Vlad Vasnetsov
Des difficultés importantes
Si le salaire moyen d’un joueur de football en Ligue 1 atteint les 45 000 euros, la réalité de la grande majorité des athlètes de haut niveau est bien différente. Beaucoup font face à des difficultés pour vivre de leur activité sportive. N’étant pas rémunérés par leurs fédérations, ils disposent d’aides d’Etat variables. Il y a sept ans, un rapport de l’Assemblée alertait sur les conditions de vie des athlètes de haut niveau dévoilant que 40 % d’entre eux vivaient sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec des revenus inférieurs à 1102 euros. Depuis, les gouvernements successifs ont pris la mesure du problème et proposent de plus en plus d’aides et de subventions à ces sportifs notamment au travers de l’Agence Nationale du Sport (ANS). « Il y a une prise de conscience que certains athlètes de haut niveau sont dans une situation de grande précarité, alors qu’ils donnent tout sur le terrain pour faire vibrer leur pays. C’est une réalité peu connue. D’ailleurs, sur les 300 ou 400 athlètes qui représenteront la France aux JO et aux paralympiques, la plupart a besoin d’aides pour vivre au quotidien »¹ explique Yohan Penel, président de la Fédération Française de Badminton. Des subventions nécessaires mais insuffisantes selon le kayakiste Guillaume Burger, vice champion du monde K-4 1000 mètres : « L'ANS nous aide beaucoup mais le haut niveau demande beaucoup d'investissement. Si on veut se donner les moyens de nos ambitions, on ne peut pas simplement attendre le ministère ou l'Agence pour avancer, pour aller chercher la très haute performance »² explique-t-il dans les colonnes de France Info.
Le sponsoring d’athlète : solution privilégiée
Pour pouvoir vivre de leur excellence sportive, de nombreux athlètes de haut niveau se tournent vers des entreprises sponsors. Le groupe BPCE, partenaire officiel de Paris 2024 soutient financièrement et dans leurs projets professionnels 200 athlètes. La biathlète championne du monde Justine Braisaz, la championne d’Europe de la poutre Mélanie de Jesus dos Santos ou encore la championne du monde de paracyclisme Marie Patrouillet font partie de ce programme.
Le cabinet de conseil PwC, également partenaire officiel des JOP Paris 2024 et de l’Equipe de France Olympique et Paralympique, trouve un intérêt certain dans ce partenariat qui lui permet « à la fois pour se démarquer de la concurrence auprès de nos clients et de nos futurs talents, et dans notre relationnel pour attirer une nouvelle clientèle. C'est aussi une occasion de montrer notre savoir-faire sur des enjeux liés aux finances ou à la gestion des ressources humaines »³ confie Agnès Hussherr, associée sponsor Paris 2024 au sein de l'entreprise à nos confrères de l’Equipe.
Réseaux sociaux : le futur du sponsoring ?
Pour ceux n’ayant pas la chance d’être soutenus par une entreprise, il faut innover. Thibaut Perrillat, frère jumeau du champion de France de marathon Duncan Perrillat, propose une solution alternative au sponsoring des entreprises grâce à Lactique. Il souhaite pouvoir accompagner les athlètes de sport moins médiatisés en racontant leur histoire sur les réseaux sociaux, notamment LinkedIn pour attirer les entreprises. « Lorsqu’une entreprise soutient un athlète et l’accompagne, c’est un vrai partenariat win-win » explique Thibaut Perrillat et d’ajouter : « En échange de l’accompagnement financier, l’athlète valorise son sponsor en l’associant à son image, sa personnalité, ses valeurs. Les athlètes de haut niveau ont souvent des histoires fortes, impactantes et qui touchent les gens. Ils fédèrent rapidement une communauté autour de leur personnalité, de leur histoire et de leur sport. L’entreprise gagne alors en visibilité et en notoriété. Si la grande majorité des athlètes ne vivent pas de leur sport aujourd’hui c’est, selon moi, parce que les entreprises ne voient pas toujours la valeur ajoutée que le sponsoring d’un athlète pourrait avoir. Pourtant elle est bien réelle. Les réseaux sociaux et le marketing peuvent avoir beaucoup de côtés néfastes mais dans le cas du sponsoring d’athlètes de haut niveau, ils peuvent permettre de belles rencontres ». Le projet grandit de jour en jour. Pour l’heure, Thibaut Perrillat a valorisé l’histoire de 8 athlètes. Mais il confie avoir près de 80 athlètes qui l’ont contacté pour faire partie de l’aventure Lactique. Pour son frère jumeau, qui a bien connu les difficultés à trouver des financements, les efforts de Thibaut ont payé. Duncan est désormais accompagné par des partenaires et se trouve actuellement au Kenya, au coeur du centre d’entraînement “le berceau de la course à pied”. Si Duncan peut sereinement se tourner vers son objectif de participer à la finale du marathon lors des JOP 2024, la vice championne de France d'Escalade Elsa Ravinet, le demi-finaliste de 1500 m aux Jeux de Tokyo Baptiste Mischler ou encore la Championne de France de 200 M papillon 2021 Lilou Ressencourt sont eux toujours à la recherche de partenaires financiers…
¹ https://www.carenews.com/carenews-pro/news/yohan-penel-fondation-1-pacte-gagnant-la-montee-du-mecenat-sportif-est-associee-a
² https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/paris-2024/paris-2024-derriere-les-medailles-les-athletes-non-professionnels-luttent-pour-rester-a-flot-sur-le-plan-financier_5225575.html
³ https://www.lequipe.fr/Escrime/Actualites/Les-cabinets-d-audit-a-l-assaut-du-sponsoring-sportif/1374100
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